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WHEN this poem i was composed, I was not sufficiently aware of the history of Bonnivard, or I should have endeavoured to dignify the subject by an attempt to celebrate his courage and his virtues. With some account of his life I have been furnished, by the kindness of a citizen of that republic, which is still proud of the memory of a man worthy of the best age of ancient freedom :

"François De Bonnivard, fils de Louis De Bonnivard, originaire de Seyssel et Seigneur de Lunes, naquit en 1496. Il fit ses études à Turin: en 1510 Jean Aimé de Bonnivard, son oncle, lui résigna le Prieuré de St. Victor, qui aboutissoit aux murs de Genève, et qui formait un bénéfice considérable.

"Ce grand homme-(Bonnivard mérite ce titre par la force de son âme, la droiture de son cœur, la noblesse de ses intentions, la sagesse de ses conseils, le courage de ses démarches, l'étendue de ses connaissances, et la vivacité de son esprit),-ce grand homme, qui excitera l'admiration de tous ceux qu'une vertu héroïque peut encore émouvoir, inspirera encore la plus vive reconnaissance dans les cœurs des Genevois qui aiment Genève. Bonnivard en fut toujours un des plus fermes appuis: pour assurer la liberté de notre République, il ne craignit pas de perdre souvent la sienne; il oublia son repos; il méprisa ses richesses; il ne négligea rien pour affermir

i. When the foregoing.... Some account of his life will be found in a note appended to the Sonnet on Chillon, with which I have been furnished, etc.-[Notes, The Prisoner of Chillon, etc., 1816, p. 59.]

le bonheur d'une patrie qu'il honora de son choix: dès ce moment il la chérit comme le plus zélé de ses citoyens ; il la servit avec l'intrépidité d'un héros, et il écrivit son Histoire avec la naïveté d'un philosophe et la chaleur d'un patriote.

"Il dit dans le commencement de son Histoire de Genève, que, dès qu'il eut commencé de lire l'histoire des nations, il se sentit entraîné par son goût pour les Républiques, dont il épousa toujours les intérêts: c'est ce goût pour la liberté qui lui fit sans doute adopter Genève pour sa patrie.

"Bonnivard, encore jeune, s'annonca hautement comme le défenseur de Genève contre le Duc de Savoye et l'Evêque.

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"En 1519, Bonnivard devient le martyr de sa patrie: Le Duc de Savoye étant entré dans Genève avec cinq cent hommes, Bonnivard craint le ressentiment du Duc; il voulut se retirer à Fribourg pour en éviter les suites; mais il fut trahi par deux hommes qui l'accompagnaient, et conduit par ordre du Prince à Grolée, où il resta prisonnier pendant deux ans. Bonnivard était malheureux dans ses voyages: comme ses malheurs n'avaient point ralenti son zèle pour Genève, il était toujours un ennemi redoutable pour ceux qui la menaçaient, et par conséquent il devait être exposé à leurs coups. Il fut rencontré en 1530 sur le Jura par des voleurs, qui le dépouillèrent, et qui le mirent encore entre les mains du Duc de Savoye : ce Prince le fit enfermer dans le Château de Chillon, où il resta sans être interrogé jusques en 1536; il fut alors delivré par les Bernois, qui s'emparèrent du Pays-deVaud.

"Bonnivard, en sortant de sa captivité, eut le plaisir de trouver Genève libre et réformée: la République s'empressa de lui témoigner sa reconnaissance, et de le dédommager des maux qu'il avoit soufferts; elle le reçut Bourgeois de la ville au mois de Juin, 1536; elle lui donna la maison habitée autrefois par le Vicaire-Général, et elle lui assigna une pension de deux cent écus d'or tant qu'il séjournerait à Genève. Il fut admis dans le Conseil des Deux-Cent en 1537.

"Bonnivard n'a pas fini d'être utile: après avoir

travaillé à rendre Genève libre, il réussit à la rendre tolérante. Bonnivard engagea le Conseil à accorder [aux ecclésiastiques et aux paysans] un tems suffisant pour examiner les propositions qu'on leur faisait; il réussit par sa douceur: on prêche toujours le Christianisme avec succès quand on le prêche avec charité. . . .

"Bonnivard fut savant: ses manuscrits, qui sont dans la bibliothèque publique, prouvent qu'il avait bien lu les auteurs classiques Latins, et qu'il avait approfondi la théologie et l'histoire. Ce grand homme aimait les sciences, et il croyait qu'elles pouvaient faire la gloire de Genève; aussi il ne négligea rien pour les fixer dans cette ville naissante; en 1551 il donna sa bibliothèque au public; elle fut le commencement de notre bibliothèque publique; et ces livres sont en partie les rares et belles éditions du quinzième siècle qu'on voit dans notre collection. Enfin, pendant la même année, ce bon patriote institua la République son héritière, à condition qu'elle employerait ses biens à entretenir le collège dont on projettait la fondation.

"Il parait que Bonnivard mourut en 1570; mais on ne peut l'assurer, parcequ'il y a une lacune dans le Nécrologe depuis le mois de Juillet, 1570, jusques en 1571."-[Histoire Littéraire de Genève, par Jean Senebier (1741-1809), 1786, i. 131-137.]

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