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'Rends grâce à tes destins et lis dans l'avenir 'Loin de t'assujettir,

'J'apporte à tes neveux le sceptre de la France. 'Le fougueux Rodamir me fuira malgré toi; 'Mais son frère Robert dont je chéris l'enfance,

'Docile, recevra les clartés de la foi.

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'Affranchira son cœur de la foi des serments.

'C'est de lui que naîtrout vingt familles de 'Six lustres après lui, les fils de Medicis

rois,

Un de ses descendants, fameux pas son courage,

Oseront profaner le nom de l'évangile. L'Enfer excitera la discorde civile, 'Et repandra le deuil sur l'empire des lis.

Hugue, de tous ses pairs obtiendra le suf- O jours pour tes neveux d'éternelle infamie!

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Il donnera la paix aux nations chrétiennes. Les travaux, les vertus rempliront tous ses jours.

'C'est pour moi que Louis aux plages africaines,

D'une pénible vie achevera le cours.

Sur un siége éclatant vois cet autre Louis Dont le regard serein exprime l'indulgence: Rien ne pourra lasser sa tranquille clémence;

Et dans tous ses sujets il aura des amis. Que de pleurs répahdus à son heure dernière!

'Privés d'un si bon père,

Les peuples orphelius connaîtront la douleur.

Un meilleur roi jamais ne porta la couronne Jeune, il profitera des leçons du malheur; Monarque, il placera la bonté sur son trône.

Moins vertueux que lui, mais plus brillant

encore,

'Son jeune successeur courouné de lauriers

Verra pour un moment ses rivaux a ses pieds.

Son regne des beaux arts amenera l'aurore

'Une étrangère impie

'S'abreuvera du sang des malheureux fran

çais;

'Et par le sacrilége accomplissant ses crimes, 'On verra cette femme, au nom du Dieu de

paix,

'D'un mot faire égorger un peuple de victimes,

Fixe les yeux, mon fils, sur ce front immobile:

Tu vois de Charles neuf les misérables

traits.

'Courbé, si jeune encor! sous le poids des forfaits,

'La mort, le désespoir sera son seul asile. 'Irmensul de ce roi troublera la raison :

En confessant le nom

Du Dieu plein de bonté que le chrétien pub. lie,

Il suivra d'Irmensul les principes pervers; Ma doctrine de sang fut toujours ennemie: Le meurtre n'appartient qu'à l'esprit des ERfers.

"L'incrédule souvent ôse accuser le Ciel

Des crimes, fruits amers des passions humaines:

‹ Dans la suite des temps, les préjugés, les haines,

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Attaqueront encor la loi de l'Eternel. 'Henri nous reprochant les malheurs de la France,

· Dans son adolescence,

'D'une secte étrangère écoutera la voix ; Mais ses vertus de Dieu fléchirent la justice: Il baissera le front devant le roi des rois, 'Et saura s'arrêter au bord du précipice. Ce prince magnanime illustrera ta race; Et ma tendresse un jour desillera ses yeux. 6 Tu vois à ses côtés un voile nébuleux Qui devant mon flambeau s'éclaircit et s'efface:

Ce héros comme toi me devra son bonheur: 'Je remplirai son cœur

'Des célestes rayons de la grâce ineffable; 'Du trône devant lui j'ouvirai les chemins;

'Enchaînant à ses pieds la discorde impla AFFECTING DESCRIPTION OF

cable,
'J'appellerai la France à des jours plus se
reins.

"Ses fils recueilleront le fruit de sa valeur.
"Tenant les factions sous une étroite chaîne,
• Deux prêtres revêtus de la pourpre ro-
maine

De ce vaste héritage accroîtront la splen-
deur.

Instruit par eux, vaillant, juste, clément, habile,

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'On dompte en me suivant la douleur et la mort. Cet éclair de vos jours n'est qu'un pélerinage:

'Dans un si court passage,

'Si l'on arrive au but, qu'importent les che-
mins?

'Le royaume des cieux-voilà votre patrie:
'Ce n'est que pour atteindre à la gloire des
saints

'Qu'ici vous soutenez l'épreuve de la vie.

Tes neveux dans mon sein trouveront un
asile.

'Toi cependant, mon fils, obéis à ma voix:
'Embrasse avec les tiens le culte de la croix.

OF THUEDON.

THE WIFE

"Sa longue chevelure abandonnée aux vents,
L'épouse de Theudon, palpitante, égarée,
Frappe l'air de ses cris: sa main mal assurée
Saisit, balance un frêne armé de clous tran
chants.

Les femmes des païens en rugissant de haine
Répondent à leur reine,

Et couvrent les vainqueurs d'un nuage de
traits;

Mais les francs, dédaignant leur fureur inutile,

Avancent pas à

pas en bataillons épais, Et pressent l'ennemi vers son dernier asile."

The opening of the 18th Canto is extremely fine :—

'Quel orage a brisé les cordes de ma lyre?
Hélas! je ne suis plus sur les monts Tuscu-
lans :
[chants,

La paix de ces beaux lieux, favorable à mes
De mes nobles transports nourrissait le délire
Du verdoyant sommet de ces coteaux fameux,
Rome offrait à mes yeux

De ses vastes remparts l'enceinte magnifique.
Du soleil radieux épiant le retour,

Je découvrais du Christ la sainte basilique
Etincelante au loin des premiers feux du jour.
Là, si de mon génie éteignant le flambeau,
.Le souffle de la guerre et de la calomnie
Obscurcissait par fois l'horizon de ma vie,
J'allais me prosterner aux pieds du saint tom.
beau :

Du neveu de Martel je contemplais l'image,

Auguste témoignage

Des bienfaits dont jadis il combla les romains;
Et souvent aux genoux du successeur de

Pierre,

Je trouvais dans le feu de ses regards divins
De l'inspiration la biftlante lumière."

The description of Laurentia at her devotions, with what follows, is inexpressibly interesting:

"Se jetant à genoux sur le pavé du temple,
A la Vierge immortelle elle adresse ses vœux.
Osant bientôt fixer son nimbe radieux,
D'an regard recueilli Laurence la contemple:
Vers ce sourire ouvert à tous les malheureux,
Versice front gracieux

Vers le camp des français marche, l'esprit Où respirent la paix, la candeur, la tendresse,

tranquille;

'Et du signe du Christ implore la faveur :
'Pleine d'une sainte ardeur,

A la grâce divine ouvre ton âme emue.
'Avec le jour naissant je l'attends à l'autel-'
A ces mots un éclair échappe de la nue,
Frappe et dissout les traits de la fille du ciel.""

Attentive, elle élève un cœur plein de ferveur ;
Et d'une sainte extase, irrésistible ivresse,
Elle goute à longs traits l'ineffable douceur.
Les parfums les plus doux enveloppent
Pautel-

L'encens religieux et l'odorante myrrbe.
Le dôme retentit des accords de la lyre

Mê és au sons brillants des harpes d'Israël. Uue clarté vermeille et semblable à l'aurore,

Sous la voute sonore, Pénètre, et par degrés inonde les lieux saints. Des mortels affligés la Vierge tutelaire Apparait dans le temple; un chœur d'esprits divins

Forme autour de ses pas un cercle de lumière. Les lis eblouissants qui couronneat sa tête Pour le peuple francais indiquent son amour. 'J'exauce tes soupirs,' dit-elle; ' et dans ce jour,

Femme de Carloman, tu seras satisfaite.

Tes remords du Très-haut ont calmé le cour

roux.

'Suis-moi vers ton époux:

Sois admise aux secrets de la vie éternelle. Si tu n'es point, ma fille, ingrâte à ma faveur,

Ranimant à ma voix la ferveur de ton zele, Tu dois fuir à jamais l'ennemi du Seigneur.' Laurence, aux doux accents de la reine des cieux,

Sent calmer tous les maux de son âme affligée.
De ses lieus mortels se croyant dégagée,
Rien n'intimide plus son cœur audacieux:
Elle s'est élancé aux genoux de Marie!

Sa paupière éblouie

S'abaisse: l'Univers déjà loin de ses yeux, Comme un point dans les airs s'obscurcit et s'efface:

Bientôt elle parcourt les cercles lumineux
Que la main du Très-haut a semés dans
l'espace.

Du cortége divin suivant le vol rapide,
Laurence ne voit plus les célestes flambeaux;
Et sur les bords lointains de l'antique chaos
Se montre à ses regards uue montagne aride.
Les Alpes, auprès d'elle, et l'Atlas et l'Hémus,
Ensemble confondus,
[line.
A peine paraîtraient comme une humble col-
Sa base immense fume; un tourbillon de feux
Allumés dans les temps par uue main divine
Serpente en bouillonnant dans ses flancs ca-

verneux.

Les flammes en montant paraissent s'affaiblir;

Un rocher circulaire arrête leur ravage;
C'est ainsi que les flots meurent sur le rivage.
L'Invisible pouvoir qui sait tout contenir
Reprine également le feu, la terre et l'onde.

Si d'une nuit profonde

Règne encor sur le roc l'épaisse obscurité,
On n'y craint plus des feux les pointes déchi-
rantes;

Et plus près de la cime, une douce clarté
De ce mont inconnu blanchit les vastes pen-

tes.

Laurence en ce moment se tourne vers son guide.

'Quel spectacle nouveau pour mes sens éperdus!

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'De tenèbres, de feux quel melange confus!' Dit-elle; de ce mont la base m'intimide : Elle exhale des pleurs et des soupirs profonds.

'De quels divins rayons

'Sa cime cependant parait-elle éclairée? Moins douce est la lueur de l'astre de nos nuits,

'Alors que s'élevant sur la voute azurée Il vient porter le calme à nos secrets enmuis.'

'Tu vois,'répond Marie, ô fille de Martel, 'Le mont où les humains vont expier leurs crimes:

'Sa base du chaos touche les noirs abîmes; 'Et sa cime pénètre aux régions du Ciel. 'De ses feux dévorants la flamme est passagère.

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'Pour abréger les temps de son funeste exil Le fantôme trahi n'attend plus de prierès De toute sa famille il est abandonné. 'Sur son front consterné

'La douleur a gravé son empreinte cruelle: 'Il crut vivre á jamais au cœur de ses enfants. " Ils suivent de l'erreur la pente criminelle. 'Les cieux restent fermés à ses vœux suppli

ants.

Le père a presenti le châtiment certain 'Que reserve à ses fils l'éternelle justice. 'En voyant sa famille au bord du precipice, 'Il étend vers la terre une impuissante main 'Et pousse des soupirs de tendresse et de crainte :

'De la fatale enceinte

Les accents paternels voudraient pouvoir sortir :

Inutiles efforts pour les enfants coupables! 'L'immensité des airs, que rien ne peut franchir,

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ment

" Reçoit les vains conseils des ombres mise- De son cœur attendri glace le mouvement.

rables.

Un fantôme léger sort du vallon de larmes,
Et s'approche du seuil de l'éternelle paix.
Lève les yeux, ma fille, et reconnais ses
traits:

Jeune épouse d'un roi, de l'éclat de ses charmes

Tu fus témoin jadis dans les murs d'Orléans. 'Des flatteurs imprudents,

Le neveu de Martel, dans sa surprise extrême, De celle qu'il adore a reconnu les traits, 'Achève tes bienfaits,'

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Dit-il, Dieu Tout-puissant; d'une épouse chérie

Ne me dérobe plus le fantôme enchanteur. Et toi qui fus jadis le charme de ma vie, Viens; que ta douce voix me rappelle au bonheur.'

'Ne mettant point de borne à leur perfide hom- Laurence dans ses bras a reçu son époux :

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Elle croit un instant presser sa vaine image. 'J'ai senti dans mon cœur renaître mon cou

rage,'

Dit-elle du malheur je puis braver les coups.

Carloman, tu n'as point oublié ma tendresse 'Sur mon sein je te presse!

La mort ne peut donc rien sur les chastes amours!

'Je te vois, mon soutien, mon appui tutélaire ! Avec toi s'éteignit la clarté de mes jours; 'J'ai peut-être sans toi failli dans la carrière.

"Nos eufants sont assis au trône d'Austra

sie.

Eu acceptant pour eux le sceptre paternel 'Aurais-je provoqué les colères du Ciel? 'La faiblesse et le crime ont-i s flétri ma vie? 6 Le Ciel des orphelius n'est-il pas le veugeur? 'Dissipe de mon cœur

Par tes sages conseils l'obscurité profonde. 'Mais, toi! pourquoi ce, deuil et ces tristes lambeaux?

Sur ton front consterné quelle poussière immonde?

N'est-il pas dans ces lieux de relâche à tes maux ?'"

The fate of Laurentina compared with that of Hagar, when driven from her home by Abraham, is very fine :

"Laurence se relève: elle jette la vue
Sur les champs inconnus qui bornent l'ho-
rizon.

L'astre des nuits encor prolongeait son rayon
Sur leur mélancolique et stérile étendue.
Le sable seul inonde et couvre ce désert,

Où les eaux de la mer

Roulaient au temps passé leurs vagues écu

mantes.

On ne voit point ici la parure des champs:
Le pasteur altéré fuit ces plaines brûlantes;
Le soc y tracerait des sillons impuissants.
Quelques faibles buissons, stériles ornements,
Sont au loin dispersés dans cette solitude.
Laurence s'apperçoit avec inquiétude
Que déjà la fatigue accable ses enfants.
Elle ignore quel lieu leur servira d'asile.
Loin des murs de la ville

Elle fuit sans savoir où diriger ses pas.
L'espérance et la foi soutiennent son courage:
Contente d'obéir, elle ne doute pas

Qu'une invisible main ne guide son voyage.

Cette campagne aride, et la pâle lumière
Que le flambeau des nuits jette du haut des
cieux,

Rappellent à son cœur le mont silencieux
Qui naguère a frappé sa timide paupière.
Mais son époux n'est plus sur le roc sour-
cilleux;

Et son front radieux

Sans doute des élus a reçu la couronne:

Que le doigt de la mort marque de son empreinte,

Elle implore le Ciel par un cri suppliant : Un messager céleste accourant à sa plainte: 'Agar, relève-toi,' dit-il, prends ton enfant. 'A l'appui du Très-haut tu viens de recourir! Quand on sait l'invoquer par d'ardentes prières,

'Les rochers inféconds, les sables solitaires Et de fleurs et de fruits peuvent se revêtir. 'Ici ton fils croîtra plein de force et d'audace. Une nombreuse race

'Sortira d'Ismael pour benir le Seigneur.

Agar, porte ton fils au travers de la plaine: 'Bientôt un puits sacré t'offrira sa fraîcheur : Vois ses bords s'élever sur la mouvante arène.'

L'ange a parlé: déjà la bienheureuse mère
A soulevé son fils. Ce précieux fardeau
Paraissait lui donner un courage nouveau.
Bientôt devant ses yeux, hors du sein de la

terre

S'élance cette source objet de ses desirs!

Par ses brûlants soupirs

Exprimant son amour et sa reconnaissance,
De l'onde salutaire Agar puise les flots:
Ismael se ranime-oubliant sa souffrance,
L'esclave d'Abraham sent calmer tous ses

maux.

C'est ainsi que Laurence, à Siagre, à Pepin, Des bienfaits du Seigneur rappelait là mémoire.

Quand du fils d'Abraham elle redit l'histoire, Des larmes tout à coup s'échappent sur son sein.

Tel qu'un astre nouveau, dans son vol glo- Cette lande est pareille aux champs de Ber

rieux,

Carloman attiré vers le céleste trone,
A roulé dans le sein du parvis lumineux.

Cette image charmait la fille de Mainfroi.
Par les mots les plus doux, sa bonté mater-
nelle

Console ses enfants, encourage leur zéle,
Et repousse loin d'eux la tristesse et l'effrei.
Elle leur dit comment pour protéger l'enfance,
Dieu montra sa puissance,

Et souvent au désert répandit ses faveurs :
Comment l'hébrea sorti d'une terre profane,
De la faim, de la soif ressentant les horreurs,
Vit tomber sur le sable une celeste manne.

Comment prés de Gaza, fugitive, égaré,
L'esclave d'Abraham vit son cher Ismael
Eprouver de la soif le supplice cruel :
Sous l'arbre du désert Agar désespérée
Depose son enfant; et detournant les yeux
De ce front douloureux

sabée:

Aride, inhabitée,

Elle ne peut offrir aucun secours humain: Comment franchir sans guide un immense intervalle?

L'ombre s'éclaircissait; et l'horizon lointain Brillait des premiers feux de l'aube matinale."

The mingled sound of the bugle of the Bysantian soldiers with the shrill clarinet of the Druids, is touchingly described in the following lines; nor is the description that follows less admirable:

"Le cor harmonieux des soldats byzantins Se mèle aux cris aigus du clairon des druides. Chaque troupe a son tour presse ses pas ra

pides,

Touche le pied des murs, brave les dards re

mains,

Et lève au même instant les échelles terribles Jusqu'alors invincibles,

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