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historique du droit, retracer brièvement les principaux traits d'une vie si bien remplie, et rappeler les travaux qui l'ont illustrée.

C'est dans la dernière moitié du dix-huitième siècle, à l'époque où l'ancien régime était près de finir et le nouveau de commencer (en 1772), que naquit, à Blois, Jean-Marie Pardessus. Après avoir étudié le droit sous son père, qui était avocat, il exerça les fonctions de défenseur officieux, et devint par son travail, à l'âge de vingt ans, le seul soutien de sa famille, que la Terreur avait privée de ses chefs: son père et sa mère étaient en prison comme suspects. Lors de la réorganisation du barreau, il reçut par collation le titre d'avocat, et fut successivement nommé juge suppléant à la Cour criminelle, adjoint, puis maire de Blois. Il se préparait ainsi aux fonctions politiques, juridiques et scientifiques qu'il devait être bientôt appelé à remplir.

Elu en 1806 par la ville de Blois député au Corps législatif, il y siégea jusqu'en 1814; mais s'étant montré hostile au régime transitoire de 1815, il ne retourna prendre sa place parmi les représentants de la nation que dans la Chambre introuvable, où il suivit MM. de Villèle et de Corbière. En 1820, sur la réputation qu'il s'était faite par ses nombreuses et savantes consultations, et par ses ouvrages en matière de droit commercial, Marseille le choisit pour son député en même temps que Blois, et il fut ainsi honoré d'une double élection. Il opla pour Marseille, et depuis il y fut toujours réélu, et représenta la grande ville commerçante du Midi jusqu'en 1830. Sa carrière politique finit alors avec le régime auquel il était attaché par ses traditions de famille et par ses convictions personnelles.

Commencée au barreau, comme nous l'avons déjà dit, sa carrière juridique ne fut pas interrompue par ses fonctions administratives et politiques; il publia plusieurs ouvrages de droit civil et de droit commercial, et fut appelé, en 1810, comme professeur de celle dernière science dans la Faculté de Paris. Mais quoique la chaire fût de création nouvelle et malgré le droit de première nomination que réservait au gouvernement la loi organique de l'an XII, et que faisait valoir M. de Fontanes, l'Empereur exigea que la chaire fût mise au concours, et répondit au grand-maître de l'Université que « si le concours était bon lorsqu'il s'agissait de remplacer un professeur, il devait l'être autant lorsqu'il s'agissait de le nommer. » On pouvait et l'on peut dire, aujourd'hui surtout, que s'il ne vaut rien lorsqu'il s'agit de nommer, il ne vaut pas

davantage lorsqu'il s'agit de remplacer. Quoi qu'il en soit, ce fut un honneur pour lui d'avoir ainsi conquis sa chaire, surtout contre des concurrents tels que MM. Dupin et Persil. Nous parlerons bientôt des ouvrages qui illustrèrent son professorat, et qui le firent appeler à siéger dans la plus haute Cour du royaume. C'est en 1821 qu'il fut nommé conseiller à la Cour de cassation. Il eut, en 1830, le rare courage de sacrifier à ses convictions politiques ses doubles fonctions de professeur et de magistrat, conquises par son travail, ne conservant que la position qu'il s'était faite dans la science, et pour laquelle il n'y avait ni rétribution à recevoir, ni serment à prêter.

Nommé membre de l'Institut (Académie des inscriptions el belles-lettres) en 1828, il fut appelé, en 1829, à la présidence du Conseil de perfectionnement de l'Ecole de Chartes, dont il avait été le fondateur : ce sont les seules fonctions qu'il ait conservées jusqu'à sa mort.

Tel fut l'homme dans sa vie publique, vie d'honneurs, nous l'avons vu, et de labour, comme nous le prouvera l'examen rapide de ses œuvres. Le premier ouvrage qu'il publia, étant encore simple avocat à Blois, est le Traité des servitudes, en 1 vol. in-8°, 1806. Cet ouvrage, le meilleur incontestablement qui ait été fait sur celle matière en France, a eu huit éditions. La dernière est celle de 1838, 2 vol. in-8°. En 1809, parut le Traité du Contraí et des Lettres de change, 2 vol. in-8°, non réimprimé. Ce travai fut publié avant sa nominalion à la chaire de droit commercial : un autre le suivit de près, ce furent les Eléments de jurisprudenc commerciale (en 1811), excellent manuel de son cours, dont on plusieurs fois en vain sollicité de l'auteur la réimpression. Il s' est toujours refusé, par suite d'une délicatesse peut-être excessive et quels que fussent les avantages qui dussent en résulter pour lui C'est en 1814 que fut publié le Cours même de droit commercial dont cinq éditions attestent tout à la fois le mérite et le succès, e qui, après trente-neuf ans, a conservé encore son autorité (6 vol in-8°). Dans la deuxième et troisième édition, se trouve une biblio graphie complète du Droit commercial, qui ne remplit pas moin de 216 pages. Il est à regretter que l'auteur ne l'ait pas conservė et complétée dans les éditions suivantes, mais il recula sans dout devant la quantité de matériaux qui s'accumulaient chaque jou et devant l'espace qu'elle lui prendrait, laissant ainsi à ceux qu viendraient après lui le soin de continuer son œuvre.

La Collection des lois maritimes qui a fait, ou du moins qui a le plus contribué à répandre la réputation de l'auteur dans l'Europe savantè, commença à être publiée en 1828. A cette époque, parut le premier volume, qui ouvrit à M. Pardessus les portes de l'Institut, dont il devait se montrer si digne par ses remarquables travaux sur nos antiquités nationales. Cette collection est composée de 6 vol, in-4°. Le dernier volume a été publié en 1846; il avait commencé à s'en occuper en 1820, c'est donc le fruit de vingt-six ans de recherches.

Chargé par l'Académie des inscriptions de continuer la Table chronologique des diplômes, chartes, titres et actes imprimés concernant l'histoire de France, dont les tomes I, II et III avaient été publiés par de Bréquigny, de 1769 à 1783, il en donna les tomes IV, V et VI.

En 1843 fut publiée la Loi salique, in-4°, accompagnée de quatorze dissertations sur les points principaux de l'ancien droit des Barbares. Cette édition de la Loi salique est incontestablement la meilleure qui ait été faite en France, et l'auteur s'y montre au courant de tout ce qui avait été fait jusque-là dans notre pays. Il y discute et y interprète les textes avec une grande sagacité; mais les Allemands ont pu lui reprocher de n'avoir pas une aussi complète connaissance des travaux faits à l'étranger pour éclairer nos antiquités germaniques. C'est dans la même année que parut le premier volume de la Collection des actes de l'époque mérovingienne, commencée par de Bréquigny et Laporte du Theil, sous ce titre Diplomata, chartæ, epistolæ, leges, aliaque instrumenta ad res gallicofrancicas spectantia, Paris, 1843, Le second volume a été publié en 1849. La Collection forme 2 vol. in-fo.

Ce recueil est composé en partie d'actes textuellement reproduits et d'autres actes seulement analysés en latin; l'exactitude et l'élégance de l'analyse n'en sont pas constestées. Mais on a vivement critiqué en Allemagne l'œuvre de M. Pardessus, et cette critique, que nous nous réservons d'apprécier plus tard, a été reproduite en France. Ce n'est pas ici le lieu de venger la mémoire du savant éditeur des reproches qui furent adressés à son travail, et qui durent profondément affecter, par leur forme surtout, ce travailleur consciencieux blanchi dans la science, qui méritait non-seulement de la justice, mais des égards: quelques-uns peuvent être fondés, nous l'accordons; mais, sauf un ou deux actes omis, trois ou quatre reproduits d'après des copies, l'œuvre de

M. Pardessus est digne de celui qui l'a composée et du corps illustre qui la lui avait confiée.

Continuateur de Bréquigny, M. Pardessus le fut encore de De Laurière et de Secousse, dans la grande collection des ordonnances; il en publia le tome XXI (le tome XXII contient la table), et, comme ses devanciers, il l'enrichit d'une préface sur l'organisation judiciaire, qui forme à elle seule un ouvrage remarquable sur cette partie si difficile de notre histoire juridique. Il en a été rendu comple dans le no 1 de cette Revue. C'est par là que M. Pardessus a couronné ses travaux et son existence scientifique.

M. Pardessus composa, en outre, un grand nombre de travaux de moindre importance, publiés dans les Mémoires de l'Institut ou dans le Journal des Savants, et parmi lesquels doit être signalé d'abord son Mémoire sur l'origine du droit coutumier en France, lu lors de sa réception à l'Académie des inscriptions, en 1828, et dans lequel il fut le premier, en France, parmi les savants modernes à chercher et à découvrir dans les lois des Barbares les véritables origines de notre droit coutumier. Ce Mémoire a été publié dans le tome X des Mémoires de l'Institut.

Nulle vie ne fut assurément mieux remplie que celle-là : avocat, administrateur, législateur, professeur, magistrat, savant, M. Pardessus ne resta étranger à aucune des parties de la science du droit; et la science, dont il eût pu justement se glorifier, n'ôla rien à sa modestie ni à sa bienveillance, deux qualités bien rares chez les savants. Aussi, pour nous, loin de lui en faire un reproche, nous l'en louons volontiers comme de tant d'autres éminentes qualités qui, dans sa vie privée, le distinguèrent non moins que dans sa vie publique.

Justice a d'ailleurs été rendue à M. Pardessus par tous ceux qui l'ont connu et qui ont pu apprécier dans ses travaux et dans tous les actes de sa longue carrière l'homme bienveillant et consciencieux. Récemment encore, un jurisconsulte éminent, qui unit l'impartialité à la science', rendait à son caractère un juste et bel hommage, que nous sommes heureux de rappeler ici, parce qu'il honore également celui qui en est l'auteur et celui qui en fut l'objet.

C. GINOULHIAC.

M. Armand Dalloz, dans le Recueil périodique de MM. Dalloz. 1852, troisième cahier.

JOURNAL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES. M. GUIFFREY, rédacteur en chef. Paraissant deux fois par semaine. Prix de l'abonnement: 30 fr. pour la France, et 36 fr. pour l'étranger. A Paris, rue Grenelle-St-Honoré, 45.

Dans un temps où les questions d'instruction publique préoccupent si vivement les esprits, où les gouvernements s'efforcent ȧ l'envi de donner à l'enseignement une impulsion nouvelle, on comprendra l'intérêt qui s'attache à un journal dont vingt-cinq années de succès dans cette voie attestent l'utilité et l'importance. Le Journal général de l'instruction publique et des cultes, en présentant à ses lecteurs tous les documents officiels qui paraissent dans les divers pays, et en les soumettant à un examen sérieux et approfondi, a rendu et est appelé à rendre d'immenses services aux progrès de l'enseignement. Au nombre de ses rédacteurs il compte les professeurs de la Sorbonne, du collège de France, el les membres de l'Institut; en telle sorte que rien ne paraît de nouveau dans les lettres et dans les sciences qu'il n'en soit rendu compte dans ses colonnes. Les rapports qu'il entretient avec les Sociétés savantes de France et de l'étranger le mettent à même de publier les comptes rendus des différentes Académies, le résultat de leurs travaux, les sujets qu'elles proposent en prix. Des notices bibliographiques tiennent les lecteurs au courant du mouvement de la librairie dans le monde entier. Enfin des correspondances particulières lui assurent la publication des nouvelles ou découvertes qui intéressent les lettres, les sciences, l'histoire et l'archéologie.

COMPTE RENDU DES SÉANCES ET TRAVAUX DE L'ACADÉMIE DES
SCIENCES MORALES ET POLITIQUES, par MM. MIGNET et Ch. VERGÉ.
Paris, A. Durand, libraire, 5, rue des Grès. - Mai et juin 1853.
6e livraisons.

5e et

Ces deux livraisons renferment un chapitre de Locke et de Leibnitz sur l'enthousiasme, par M. Damiron; - des observations sur l'industrie de la laine, à Reims, par MM. Léon Faucher et Moreau de Jonnès; la suite d'un mémoire sur le Sankhya, par M. Barthélemy Saint-Hilaire ;-des observations sur les doctrines de Malthus, relatives à la population, par MM. Passy, Dunoyer, lord Brougham, Villermé, Guizot, et Léon Faucher; un mémoire sur la découverte de l'Amérique, par M. Rosseeuw SaintHilaire ; un mémoire sur les physiocrates, par M. Joseph Garnier; - un mémoire sur l'influence politique des réfugiés protestants en Allemagne, par M. Ch. Weill; peigneurs de laine, par M. Audiganne.

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un autre sur les

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