Page images
PDF
EPUB

pas uniquement en meubles du temps du roi Dagobert, et en ustensiles de cuisine, fort appréciés par M. le marquis de Peyrelongue et M. le comte de Baritaut. Il sent son époque, il porte le cachet de notre siècle. Voltaire a dit quelque part :

Le superflu, chose très-nécessaire;

:

« Et sur ce point, j'ai le tort d'être un peu de son avis. Tout chez moi respire le luxe : porcelaines de Sèvres, cristaux de Venise, tapis d'Aubusson, bibliothèque, galerie de tableaux à chacun sa passion dominante. Que M. le comte de Baritaut et M. le marquis de Peyrelongue mettent leur fantaisie, l'un à élever des chiens et des chevaux de race; l'autre à exciter à la procréation les oisons de sa basse-cour, mon Dieu, je n'y trouve pas à redire. Mais pourquoi tant blâmer mes goûts et le penchant qui m'entraîne vers les merveilles de l'industrie et des arts! Ce penchant entraîne aussi à des dépenses; soit; mais le ciel m'ayant refusé le bonheur d'être père, je n'ai jamais entendu me mettre en adoration devant les beaux yeux de ma cassette, et je ne comprends le prix de l'argent que par le noble usage qu'on en fait. »

Après avoir annoncé qu'il possède encore vingt mille francs de rente et une habitation confortable, ce qui ne suppose pas des affaires si délabrées, M. de Calvimont termine ainsi :

« A-t-on à redouter par hasard que, vieillard,

je ne sache me défendre de ces passions effrénées dont j'ai su me garantir dans ma jeunesse, que j'expose bêtement ma fortune sur une table de jeux. ou que je la jette plus bêtement encore aux pieds de quelque Vénus populaire? Cloîtré pour ainsi dire, et éloigné de tout sujet de dépenses, je n'ai plus qu'une ambition, c'est de couler paisiblement les jours que Dieu me réserve encore dans le commerce de quelques amis....

« Marquis DE CALVIMONT. >>

Les bals de l'Opéra ont commencé samedi, 15 courant. Dirons-nous qu'il y avait foule; parlerons-nous de l'élégance de la décoration, de l'éclat des lumières, de l'entrain de la soirée? Hélas! Carnaval est bien malade aujourd'hui, il se déguise bien rarement, et semble recouvrer difficilement la gaieté des anciens jours, mais tant qu'il aura un souffle et que ses jambes pourront le porter, nous le retrouverons au temple de la rue Lepelletier.

Ceux de nos abonnés de province qui n'ont pas encore acquitté le prix de leur abonnement sont priés d'en envoyer le montant à la librairie, 11, rue de Seine, à l'adresse de M. le directeur de la Revue anecdotique, soit en un mandat sur la poste, soit en timbres-poste.

Les dix-huit premiers Nos de la Revue anecdotique (an. 1855) vont être réunis et formeront un élégant volume cartonné à l'anglaise. Il sera mis en vente dans la première quinzaine de janvier 1856, chez les principaux libraires de Paris et de la province. Prix: 4 fr.

Paris. DE SOYE et BOUCHET, imprimeurs, 2, place du Panthéon.

[Numéro 18.]

DU 16 AU 31 DECEMBRE 1955

=

[Du 9 DÉCEMBRE.] Simples notes pour M. le Marquis de Calvimont Saint-Martial. - Tribunal civil de Bordeaux. (Bordeaux, 1855, in-4°.)

C'est un second mémoire chargé de confirmer le premier. M. de Calvimont y analyse surtout sa situation financière. Il termine ainsi :

« J'arrive aux ruades de M. le comte de Baritaut et de M. le marquis de Peyrelongue.

<< Mon mémoire est injurieux à leur adresse! vraiment? Comment, il leur plaît de me traiter d'imbécile et de prodigue, et il ne me serait pas permis de me faire paysan du Danube pour dire leur fait à ces messieurs.

« Je parle de Mme la marquise de Calvimont en termes peu révérencieux! Je parie toute ma bêtise contre le quart de l'esprit de Me Petit-Jean, que Mme la marquise de Calvimont n'est pas de cet avis.

<«< Mais je sais mon Petit-Jean par cœur, et je devine. M° Petit-Jean, qui est malin en diable, se sera persuadé et aura persuadé à M. le comte de Baritaut et à M. le marquis de Peyrelongue que les quelques mots latins (*) qui se trouvent à l'endroit

(*) Voir notre no 17, p. 405, lignes 14 et 15.

de Me la marquise de Calvimont, sont des injures grossières; et de là haro sur l'insulteur ! Silence! mes preux; en fait de galanterie, le marquis de Calvimont n'a besoin ni de vos leçons ni de vos exemples.

<< J'ai emprunté à mes domestiques? - Oui ; et je suis fier pour moi et honteux pour vous d'avoir trouvé chez mes serviteurs un dévouement que je n'ai point trouvé dans ma famille.

« J'ai emprunté au Mont-de-Piété ! --- Je n'en rougirais pas le Mont-de-Piété est un prêteur; il tient sa parole, et M. le marquis de Peyrelongue manque à la sienne.

« Et quel autre que le Mont-de-Piété oserait prêter à un homme qui ne peut plus offrir que des garanties viagères! Monsieur le marquis de Peyrelongue, n'est-ce pas aussi votre avis? Mais alors, pourquoi un conseil judiciaire à un homme qui se trouve dans l'heureuse impossibilité d'emprunter?

« Je ne reçois aucune personne honorable dont j'oserais avouer le nom et désigner la position sociale ! Me Petit-Jean, ce que vous dites là est très-flatteur pour M. Perrot, avocat général, et pour M. Dumas, substitut de M. le Procureur impérial, qui m'ont fait tout récemment l'honneur de me visiter. Vous avez été bien inspiré, vraiment ! Vous n'y allez pas de main-morte, M. Petit-Jean, quand il s'agit de la Magistrature. Encore si, pour en parler si cavalièrement, vous faisiez

comme moi, vous vous serviez de mots latins!

« Je suis très-simple dans mes goûts, et mes dépenses ne sont que le résultat du désordre de mon déplorable entourage! Qu'est-ce à dire, et de quel entourage entendez-vous parler? De ma domesticité? Mais, depuis mon état de gêne, elle s'impose des privations pour me venir en aide. D'un essaim de parasites qui viendraient butiner na table? Nommez-les. Pensez-vous que je ne saurais pas me débarrasser des fâcheux, monsieur le marquis de Peyrelongue; essayez, monsieur le comte de Baritaut, et vous verrez si je suis tellement débonnaire !

<< Entendriez-vous parler, par hasard, de deux amis dont le zèle ne s'est pas refroidi sous l'influence du malheur, astre si fatal aux affections humaines ?

« L'un est mon cousin, M. le comte de Mothes de Blanche, qui a appris à connaître M. le marquis de Peyrelongue, et qui l'estime selon toute l'étendue de ses mérites.

<«<L'autre est un tout petit avocat de province, charmant d'ignorance et de bêtise, vraie brebis du bon Dieu, mais, par temps, chatouilleux en diable, et peu disposé, le malhonnête, à se mettre à genoux. devant l'insulte: A tout bon entendeur, salut!

« Marquis DE CALVIMONT,

« Dans ma cause. »

« PreviousContinue »