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Roy, "qu'il n'y avoit point de loi en Espagne qui eut prévu leur cas, et par conséquent qu'ils ne pouvoient prononcer contre eux." Cette réponse fera honneur aux juges, et à l'exactitude dans leur devoir, n'étant point étonnant qu'on ne put prévoir dans la sage legislature ou Code d'Espagne, que les temps dussent changer à tel point, qu'on prétend d'admettre de fait la souveraineté du peuple dans un royaume où la loi suprème est le Souverain légitime, et où il y a eu de tous les temps des abus de ce pouvoir; mais personne n'a osé le disputer, et beaucoup moins l'accorder au peuple, comme le firent, dans les Cortes, ces mêmes individus, seulement guidés par leurs principes de liberté révolutionnaires, et non aucunement du consentement de la même nation.

Le Roy donc, avec ces causes dans la main, ou auroit du absoudre ceux qui furent condamnés avant à des prisons, ou amendés par ces mêmes juges, ou impliquer quelques châtimens à ceux-ci qui étoient les principaux, formant la dernière liste. Il le fit donc par lui seul. Mais il est clair que son cœur n'est point porté au sang, ni à la cruauté, quand aucun n'a été sententié à peine capitale, comme d'autres Roys d'Espagne ont fait dans des temps de révolte, qui sont trop connus dans les règnes précédents.

Le règne de Charles III. est cité en Espagne, et connu pour le plus sage, le plus modéré, et le plus tranquille. L'Europe ne l'ignore point, et la considération dans laquelle il eut fait regarder l'Espagne par les autres puissances tant par terre que par mer n'a point besoin d'être recordé. Cependant il exiloit et renvoyoit dans les prisons, ou dans les provinces, sans jugement ni autre formule qu'un ordre signé du Ministre les Grands d'Espagne, employés civils et militaires, et toute espèce de personne qu'il jugeoit à propos, sans que cela fit le moindre effet contre la sûreté publique. Ceux qui connoissent l'histoire savent bien qu'il avoit crée un Ministère de Police, aux ordres immédiats d'un nommé Cantaro, qui agissoit despotiquement, il est vrai, mais la nation n'en souffroit le moindre effet, et

beaucoup moins les Gouvernemens étrangers ni les peuples différents de l'Europe se mêloient d'attaquer des mesures qui regardent l'intérieur du système établi.

Je ne rappelerai point l'époque de Charles IV. puisqu'on pourroit croire l'exemple pas favorable pour le moment; mais je dirai seulement qu'il n'y eut point de Grand d'Espagne qui n'eut souffert quelque exil. La cause formée à la suite de la prison à l'Escurial du Prince des Asturies fut faite par le Conseil de Castille avec le plus grand soin et attention. Ils la présentèrent au Roy, déclarèrent tous les individus innocens, et dignes de la considération et estime de S. M.: ils furent cependant tous exilés de la Cour, et envoyés dans les provinces avec vigilance de la police; et ils sont restés ainsi jusqu'à l'avènement au trône de Ferdinand.

Il n'y a personne en Espagne qui ignore que quelques uns de ceux qui viennent d'être condamné en exil par le Roy, et êtoient les têtes chaudes du parti Libéral, proposoient que si le Roy ne juroit pas la constitution qu'ils avoient formé à Cadiz, il fut dénué de la couronne. Ceci même fut porte en décret, et l'enthousiasme avec lequel S. M. a été reçu en Espagne, dans les royaumes de Valence, Aragon, &c., par où il est entré, sans troupe ni civil pouvoir, puisqu'il venoit seul de France, prouva bien qu'on le vouloit à lui et non à l'acte constitutionnel, qui avoit seul la sanction et approbation dans les personnes qui l'avoient crée, et se trouvoient renfermé dans un certain nombre dans les Cortes, et les adhérens partiels de cette faction. Si la volonté du peuple eut été en faveur de ce parti, le Roy n'auroit jamais pu se remettre sur le trône dans les termes où l'ont été tous les Roys ses prédécesseurs: et comme il se trouve par le présent, l'amour et l'attachement qu'on a eu pour lui dès son enfance, augmentés par la haine que sa mère lui portoit, furent les uniques et véritables causes des sentimens constants, vigoureux, et vraiment uniques qui s'ont fait voir en Espagne généralement pendant les six années de guerre qui ont servi d'exemple à l'Europe; et ce n'est point

l'envie de liberté philosophique, ni de principes nouveaux, qui a porté ce peuple héroïque à tant de sacrifices, mais seulement l'amour personnel au Souverain actuel, à l'individu, la conservation de nos coutumes, de nos préjugés peut-être, des institutions religieuses que le peuple a connu de tout temps et qu'il respecte: ils revoient le même Souverain, le même objet de leurs demandes; ils connoissent en lui les sentimens religieux qu'ils virent détruits par les Cortes; et il n'est point étonnant que la cause qui les fit mouvoir dans l'attaque injuste de la France ne le fasse faire le méme effort contre les malveillans qui voudroient troubler l'ordre, comme il est arrivé dans l'affaire de Porlier. L'Espagnol aime Ferdinand, et il l'aime de même, quoique en veuillent dire ceux qui ne connoissent point les préjugés et l'ignorance qui existent encore dans la classe du peuple, et l'attachement qu'il a pour les anciennes habitudes qui l'ont toujours dirigé.

Si on veut des exemples dans l'histoire plus ancienne, je citerai l'année 1520: au mois de Mai, les Cortes de Galice votèrent un donatif au Roy Charles V. Les villes de Castille s'y opposèrent et formèrent une Junta sous le nom de Communidades de Castille, dont le Président étoit Don Juan Padilla, fils du Commandeur de Castille, qui jouissoit de la plus grande réputation et voyant que le Roy ne vouloit entrer dans aucun arrangement, il assembla des troupes et procura par les armes obtenir ce qu'il n'avoit pu (pour la Castille) par les réclamations et remontrances: et parce qu'il comptoit comme occasion favorable l'absence de l'Empereur Charles V. et le manque d'argent dans lequel il se trouvoit. Mais les troupes des Communidades furent battues à Villalar par celles de la Régence, qui commandoit au nom de l'Empereur, Juan de Padilla fait prisonnier, et on lui trancha la tête sans procès, le jour suivant, ainsi qu'à Don Juan Bravo, chef des Ségoviens, et Don Francisco Maldonado, de celles de Salamanca. Le même sort eurent 25 autres personnes, qu'on crut être les principaux dans cette affaire, sans qu'il y eut de sentence prononcée;

et même au retour de Charles V. en Espagne, on voulut augmenter le nombre des victimes.

Dans l'année 1521 à Valence, après que furent battus ceux qui avoient formé une autre réunion, sous le nom de Hermandada, les principaux chefs furent exécutés sans forme de procès; et depuis ce temps l'autorité royale a suivi le même système arbitraire, comme du temps de Philippe II. qui chassoit de la cour les Grands d'Espagne et autres individus sans forme de procès ni cause connu, en sorte qui le peuple, auquel ces mesures n'arrivoient point, les voyoit sans la moindre sensation, ne s'en étonnoit point, les croyoit salutaires à l'autorité et tranquillité publique, et étoit bien loin de s'en scandaliser ni de les réprouver.

Voilà les faits; on pourrait en citer beaucoup d'autres; mais ceux-ci suffiront pour prouver que c'est de mesures usées long-temps, sans le moindre danger pour la tranquillité de l'Espagne, ni qui peuvent en rien influer sur l'amour du Souverain, pour qui il est toujours le même dès que le peuple n'est point contrarié, ni dans ses anciennes habitudes, ni les coutumes qu'il a connu, et auxquelles il est fait.

Enfin, rien ne seroit plus favorable pour le sort même des personnes exilés, et de celles qui se sont échappées dans les royaumes étrangers qu'un oubli momentané de leur existence, et que personne ne prenne leur parti, ni défense, ni protection; alors, par la suite des temps, tout s'oublit, et ils retourneroient dans leurs foyers sans le moindre danger: mais, par le contraire, l'intérêt qu'on y a pris dans les gazettes étrangères, et l'opinion, qui les fait en certaine manière briller par leurs souffrances, fait qu'on les regarde en Espagne comme moteurs de partis, comme faisant agir ces fausses idées contre le Souverain, et par conséquent les éloigne d'un pardon ou commisération, qu'ils auroient pu obtenir par la voie de la tranquillité puisqu'on les soupçonne en outre comme les instigateurs des troubles d'Amérique.

1817.

AFFAIRS OF FRANCE, OF THE NETHERLANDS, OF SPAIN -NEGOCIATIONS BETWEEN GREAT BRITAIN AND THE UNITED STATES OF AMERICA.

Mr. Charles Bagot to Lord Castlereagh.

Washington, January 7, 1817.

My dear Lord-The information which this letter contains was given me by M. de Kantzow, the Swedish Minister. I have not the means of ascertaining how far it is correct, but I nevertheless think it right to put your lordship in possession of it.

I am told that the differences between this country and Spain are upon the eve of being adjusted by the sale of the Floridas to the United States; that, several months ago, instructions were sent to Mr. Erving, the American Minister at Madrid, directing him to renew the claim which this country pretends to have against Spain for spoliations upon her commerce, and on other accounts, to the amount of three millions of dollars; that, in the event of Spain refusing to satisfy this claim, (which, by late arrivals, is said to be the case) Mr. Erving was instructed to offer to abandon the whole claim, upon being permitted to purchase the Floridas for five millions of dollars. Mr. Onis, the Spanish Minister in this country, is said to be ignorant of this negociation.

I repeat to your lordship that, deriving this information from one source only, I can form no judgment as to its accuracy; but the distressed state of the Spanish finances makes it not improbable that this Government should have thought

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