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Permettez moi, donc, Mylord, de vous soumettre, nommément sur cette question, quelques observations qui pourront servir à l'éclaircir.-La sûreté du royaume du Brésil a été depuis le commencement de la question le principal objet que j'ai du avoir en vue, et que j'ai toujours mis en avant. Pour garantir la sûreté de ce royaume, l'occupation de Montevideo jusqu'à la pacification de Buenos Ayres me paraissait indispensable, et j'avoue que les arguments qu'on a opposés aux miens sur cette partie de la question ne m'ont jamais paru convainquants. Cependant la nécessité que l'Espagne alléguait avoir de Montevideo, pour entreprendre une expédition quelconque contre Buenos Ayres, et surtout le désir de condescendre, autant qu'il dépendrait de moi à l'opinion énoncée par les Puissances médiatrices, m'ont engagé à renoncer à cette base de négociation que ma Cour m'avait préscrite; mais vous sçavez, Mylord, que je ne l'ai pu faire que conditionnellement, et en y substituant d'autres conditions qui, quoique moins propres à garantir la sûreté du Brésil, pourraient, au moins en quelque sorte remplacer, jusqu'à un certain dégré, l'occupation de Montevideo. Or, de toutes les conditions, la cession du petit port de Maldonado à l'embouchure de la Plata est la seule qui me parait importante pour nous, et c'est la seule que l'on prétend nous refuser! De manière que nous aurions cédé le premier principe de la négociation, qui est celui de garantir la sûreté de la frontière du Brésil.

Il n'est pas douteux que, dans l'état où se trouvent les affaires dans ce pays là, nous ne pouvons remettre Montevideo à l'Espagne, sans qu'un corps de troupes Portugaises demeure stationné, comme en observation, dans le voisinage.

Le Cabinet de Madrid a même plus d'une fois avoué cette nécessité; or, il suffit de jeter les yeux sur la carte du pays, pour s'assurer que lorsque les troupes Portugaises auront évacué Montevideo, si elles doivent occuper une ligne militaire d'observation, il faut absolument que cette ligne comprenne le port de Maldonado, le seul par où ils pourront recevoir des

VOL. XI.

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provisions et des munitions; car la communication par l'intérieur avec les provinces habitées du Brésil ne peut absolument pas fourni des ressources suffisantes. L'inspection de la carte de ce pays-là prouvera en outre évidemment que s'il s'agit de tracer une ligne de limites naturelles entre les possessions Portugaises et Espagnoles, la chaine de montagnes qui commence à Maldonado est la seule indiquée par la configuration du terrain.

On pourra, il est vrai, sans détruire tous les arguments que je viens d'avancer, nous dire que les troupes Portugaises n'ont qu'à occuper temporairement Maldonado et que cela nous procurera les mêmes avantages que si nous en obtenions la cession permanente. À cela je réponderai—1°, que l'occupation temporaire ne nous donnera pas la facilité de construire des fortifications et de prendre enfin toutes les mesures couteuses et permanentes de défense que les intérêts du Brésil pourraient exiger -2°., que cette occupation temporaire au moment où nous remettrions Montevideo aux Espagnols nous compromettrait davantage avec les insurgés, et pourrait être interprétée par eux comme un appui prêté aux Espagnols, et comme une réserve destinée à servir de seconde ligne à leurs opérations3o, que dans le cas où l'expédition Espagnole aurait une mauvaise réussite, les troupes Portugaises se trouveraient peutêtre dans le cas de devoir céder aux insurgés le territoire qu'ils n'occuperaient que temporairement; au lieu qu'elles seraient pleinement en droit de s'y maintenir, si ce territoire leur avait été complètement cédé-4°, que nous avons le droit de réclamer une indemnisation pour les frais et les difficultés d'une expédition que l'Espagne, il est vrai, ne nous a pas demandé d'entreprendre, mais que les circonstances les plus urgentes exigeaient, et dont l'Espagne, au bout du compte, retirera tout l'avantage; sans en encourir la dépense ni les dangers-5°, qu'il faut prendre aussi en considération la différence de l'importance relative de cette ligne de frontière que nous demandons. L'Espagne ne peut mettre à la conserver qu'une espèce de

point d'honneur qui peut céder sans honte et sans inconvénient à tous les motifs que je viens d'alléguer; au lieu que, pour le Brésil, l'avantage de l'acquisition d'une ligne militaire de frontière de ce côté-là est incalculable, et même, peut-on dire, indispensable, dans l'état actuel des affaires de cette partie de l'Amérique—6o, j'ajouterai encore qu'il existe depuis le Traité de 1777 entre l'Espagne et le Portugal toujours des disputes sur l'arrangement des limites de cette partie de l'Amérique; or, si cette dispute doit se terminer une fois pour toutes, le seul moyen sincère d'y parvenir est de nous accorder une ligne de limites naturelles dont nous puissions être satisfaits, et qui ne donne plus lieu, de part ni d'autre, à l'avenir à de nouveaux empiètements.

Pour me résumer, Mylord, je dirai que la sûreté du Brésil devant toujours être mon premier objet, ce n'est que conditionnellement que j'ai renoncé au principe d'occuper Montevideo jusqu'à la pacification de Buenos Ayres. J'y ai substitué, comme un moyen peut-être suffisant, quoique moins efficace, la cession d'une ligne de limites, dont l'extremité devait s'appuyer sur le port et les montagnes de Maldonado. Je crois avoir suffisamment prouvé que l'occupation de cette ligne de défense ne peut nous convenir, si nous ne l'obtenons que temporairement; et il me semble que je puis d'après ces principes poser l'alternative suivante: que l'Espagne nous laisse occuper Montevideo jusqu'à la paix; à cette époque là nous le lui rendrons, sans demander autre sacrifice de territoire: si, au contraire, elle veut absolument la possession immédiate de Montevideo, et qu'elle nous force, par conséquent, à nous dessaisir de la garantie la plus sûre que nous puissions avoir pour la sûreté du Brésil, dans ce cas là qu'elle nous céde une ligne militaire de défense, et qu'elle paye de cette manière le service que nous lui rendrons. En un mot, si l'occupation de notre ligne de défense ne doit être que temporaire, nous pouvons demander de conserver Montevideo à ce même titre; si, au contraire, on nous fait une cession permanente, cet avantage pourra

Il me

compenser en partie les inconvénients qui autrement resulteraient pour nous de la remise de Montevideo aux Espagnols. Excusez, Mylord, l'étendue que je me vois forcé de donner à toutes ces explications. La chose est pour nous de telle importance que je crois de mon devoir de donner le plus de développement possible à tous les raisonnements. semble qui si le Cabinet de Madrid a un désir sincère de terminer cette affaire il ne se refusera pas au leger sacrifice que nous demandons d'une concession fort importante pour nous et presqu'indifferente pour lui. Si cependant il s'y refuse, les Puissances médiatrices seront pleinement autorisées à croire que le véritable but de ce Cabinet soit de tenir avec le Portugal une querelle ouverte pour en profiter selon les occurrences. J'offre cette conjecture à votre méditation, Mylord, et je suis fâché de dire que les nouvelles les plus récentes que j'ai reçues des dispositions de M. de Pizarro n'y laissent pas d'y ajouter du poids; car il parait que ce Ministre prend un ton plus hautain et devient plus difficile à contenter à mesure que j'ai montré de mon côté plus de condescendance et de désir de determiner la discussion d'une maniere conciliante.

Quels que soient les projets cependant que le Cabinet Espagnol pourrait nourrir à l'égard du Portugal, il est plus que probable qu'il ne trouverait pas à les exécuter les facilités qu'il suppose peut-être; et, de mon côté, cette crainte ne me déciderait jamais à signer un traité que ma conscience me montrerait comme désavantageux, et à consentir à l'évacuation de Montevideo, sans aucune espèce d'indemnisation, et un laissant la frontière du Brésil exposée au renouvellement des mêmes vexations et des mêmes dangers qui ont déjà forcé deux fois à entreprendre à grands frais des expéditions toujours plus ou moins dangereuses.

Songez, Mylord, sous quels funestes auspices j'irais me présenter pour prendre sur moi la responsabilité du Ministère des affaires étrangères après avoir signé en Europe un traité honteux et désavantageux pour le Brésil! Veuillez, je vous en

prie, m'épargner par votre puissante intervention une telle douleur, et soyez bien persuadé que le Ministre Espagnol, malgré ses idées exagérées et malgré ses bravades, ne resistera pas à l'opinion énoncée par les Puissances médiatrices, si elles employent à cette occasion le ton ferme et décisif qui convient.

Daignez agréer, Mylord, l'assurance de mes hommages, et de la parfaite considération avec laquelle j'ai l'honneur d'étre, &c. PALMELLA.

Sir H. Wellesley to Lord Castlereagh.

Madrid, June 21, 1818.

My dear Lord-I have not thought it right to state in an official despatch all that has passed between me and M. de Pizarro, relative to the Portuguese negociation. At the same time, in order that your lordship may be enabled to judge of the probable determination of this Court, it is necessary that you should be apprized of the sentiments and language of the Spanish Minister upon the receipt of the last communications from Paris.

In speaking of the conduct of the Conference, he said that, after the turn which the negociation had taken, he should not require of them to act in a manner consistent with the dignity of their respective Sovereigns; all that he should insist upon (after an acknowledgment that their mediation had failed of success) was that the two kingdoms of Spain and Portugal should be left to themselves to settle their differences.

Adverting, then, to the policy of the Prince Regent's Ministers, he said that some of them had been deceived by Count Palmella, but that the proceedings at Paris were much disapproved by others; and that, as to the Duke of Wellington, he was in circumstances which often compelled him to act contrary to his judgment. I replied that, from whatever quarter he received his information with respect to his Majesty's Government, he was grossly deceived; that I could

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