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CRESSIDA,

Troilus. Cressid, I love thee in so strain'd a purity, That the blest gods-as angry with my fancy,

More bright in zeal than the devotion which

Cold lips blow to their deities-take thee from me.
Cressida. Have the gods envy?

Pan. Ay, ay, ay, ay; 'tis too plain a case.
Cressida. And is it true, that I must go
Troilus. A hateful truth.

Cressida.

from Troy?

What, and from Troilus too?

Troilus. From Troy, and Troilus.
Cressida.

Is it possible?

Troilus. And suddenly; where injury of chance

Puts back leave-taking, justles roughly by
All time of pause, rudely beguiles our lips

Of all rejoindure, forcibly prevents
Our lock'd embrasures, strangles our dear vows
Even in the birth of our own labouring breath:
We two, that with so many thousand sighs
Did buy each other, must poorly sell ourselves
With the rude brevity and discharge of one.
Injurious time now, with a robber's haste,
Crams his rich thievery up, he knows not how:
As many farewells as be stars in heaven,

With distinct breath and consign'd kisses to them,
He fumbles up into a loose adieu;

And scants us with a single famish'd kiss,

Distasted with the salt of broken tears.

TROILUS AND CRESSIDA.-Act IV. Scene IV.

CRESSIDA.

Troile. O Cressida! je t'aime d'un amour si pur, que les dieux immortels, irrités de voir plus de ferveur dans mon adoration que dans le froid hommage qu'adresse à leur divinité la dévotion des mortels,t'arrachent de mes bras.

Cressida. Est-ce que les dieux sont jaloux?
Pandarus. Oui, certes; la chose est évidente.

Cressida. Est-il donc vrai qu'il me faut quitter Troie?

Troile. Ce n'est que trop vrai, pour mon malheur.

Cressida. Quoi! et Troïle aussi ?

Troile. Troie et Troïle.

Cressida. Est-il possible?

Troïle. Et tu dois partir à l'instant même: le sort cruel ne nous permet même pas de nous faire nos adieux; il ne nous accorde aucun délai, sépare brutalement nos lévres prêtes à se joindre, interdit à nos bras une dernière étreinte, arrête les tendres serments prêts à s'échapper de notre bouche. Nous à qui la possession l'un de l'autre a coûté tant d'innombrables soupirs, c'est à peine si en nous séparant on nous en permet un seul. Le Temps injurieux se hâte, avec la précipitation d'un voleur, d'entasser le riche butin qu'il nous dérobe. Nos tendres adieux, qui devraient être aussi nombreux que les étoiles du firmament, et scellés d'un nombre égal de baisers, il les résume en un adieu rapide et fugitif; et c'est tout au plus s'il nous accorde par grâce un avare baiser, auquel se mêle encore l'amertume d'une larme furtive.

TROÏLE ET CRESSIDA.-Acte IV. Scène IV.

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