INTRODUCTION. «Les premiers habitants de la terre ne connurent << d'autre manière de se venger des injures que la guerre << et la destruction. « Quelques progrès vers la civilisation les amenèrent « à épargner leurs ennemis, et à se contenter de les << rendre esclaves. <«< L'on en vint ensuite à substituer à l'esclavage per<«< pétuel l'échange des prisonniers, et à respecter plus «< ou moins les personnes et les propriétés. Pourquoi le droit des nations ne ferait-il point en<«< core un pas? Pourquoi les gouvernements ne con<< viendraient-ils pas, par un traité solennel, de respecter « et protéger, même en cas de guerre : <«< 1°. Les individus occupés à nourrir leurs sembla<<< bles, les agriculteurs et les pêcheurs; «2°. Les vaisseaux marchands non armés, qui sont <«< utiles à toutes les nations, en échangeant le superflu « de leurs productions; «3°. Les artisans et les manufacturiers qui habitent les villes ouvertes? <«< Pourquoi ne proscrirait-on pas pour jamais cet << usage odieux des corsaires, reste de l'ancienne pira«‹terie, qui peut enrichir quelques armateurs avides et <«< peu scrupuleux? piraterie qu'on trouvera peu profi<< table aux nations qui l'autorisent, si l'on considère « qu'au commencement d'une guerre les corsaires, il <«< est vrai, s'emparent de quelques vaisseaux richement (( chargés; <«< Que ces succès encouragent les premiers aventu«<riers, et que de nouveaux suivent bientôt leur exemple. <«< Alors, les nations belligérantes arment leurs vais<«<seaux marchands ou ne les font naviguer que sous <«< convois; ainsi, tandis que les corsaires se multiplient, « le nombre des vaisseaux à prendre diminue; à la fin « de la guerre, la somme totale des dépenses de ce grand <«<< nombre de corsaires surpasse celle de la valeur des ་་ prises. <«< C'est donc une loterie où quelques individus ont le <«<gros lot, tandis que la masse des intéressés perd. <«<La patrie se voit ainsi privée, en pure perte, du <«< travail de tous les hommes occupés par les corsaires, <«<et dont une partie va remplir les prisons de l'en« nemi. « Les armateurs, qui ont acquis rapidement de grandes |