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Pour satisfaire les désirs de répulsion nous pouvons employer trois moyens principaux :

1° Fuir le mal qui nous menace, reculer devant l'objet malfaisant, éviter celui qui nous épouvante. Zampa en voyant le spectre d'Alice sortir du tombeau, recule plein d'effroi; c'est que sa présence le glace, il désire se dérober à sa vue.

2o Rejeter ou chasser un objet qui nous déplaît, nous importune ou nous nuit. C'est sous l'impulsion de ce désir que nous repoussons le solliciteur exigeant qui nous obsède, et que nous jetons au loin la fleur dont l'odeur nous incommode. 3o Courir sur un objet haï, le rechercher, non pour le posséder, mais bien pour le saisir, l'abattre et le détruire ensuite. Mais si cet objet se trouve hors de notre portée et que nos efforts ne puissent rien pour l'atteindre, animés toujours du désir de la destruction, nous saisissons la première occasion favorable qui puisse nous porter à le satisfaire. Ce mouvement appartient plus particulièrement à la haine.

EFFETS GÉNÉRAUX DU DÉSIR.

Avant de procéder à l'examen des effets qui résultent du désir et du caractère qui lui est propre dans les deux classes différentes que nous lui avons assignées, il sera nécessaire de définir les causes qui les provoquent et la source d'où ils émanent.

Pour arriver plus facilement à ce but et pour ne pas nous trouver en contradiction avec les plus célèbres physiologistes, nous admettrons que les causes physiques les causes physiques produisent des sensations, et que ces sensations nous sont transmises par le toucher, le goût, l'ouïe, la vision ou l'odorat. Que les causes morales excitent des impressions, et que ces impressions résultent de la réminiscence des sensations déjà reçues, ou de celles dont nous avons été moralement affectés.

Quoique différents par la nature des causes qui les provoquent, ces deux mouvements de l'âme ne produisent point d'effets contraires dans leur manifestation extérieure; la cause agissant directement sur l'âme, et l'impulsion nous étant transmise par celle-ci, il est certain que, quelle que soit cette cause,

le mouvement extérieur doit dépendre moins de la commotion reçue que de celle que l'âme elle-même provoque pour arriver à un point déterminé.

Ce principe établi, il résulte que le désir, tendant à rapprocher l'âme d'un objet ou à l'en éloigner, son principal caractère doit consister dans l'obliquité du tronc. Par conséquent, dans le désir d'attraction cette obliquité aura lieu vers l'objet du désir. Et ceci est un effet incontestable, que quelques physiologistes cependant ont fait exclusivement résulter de l'amour. Le Dante, lorsqu'il rencontre dans l'enfer la flamme ébréchée dans l'une des parties de laquelle Diomède, et dans l'autre Ulysse étaient unis, désirant ardemment s'entretenir avec ces deux héros si valeureux et si célèbres dans l'histoire, supplie Virgile, son guide, de faire approcher cette flamme, et termine ainsi sa prière :

Vedi che pel desio ver lei mi piego.

« Tu vois bien que le désir que j'éprouve me fait pencher « vers elle; » comme s'il voulait par cette assertion lui donner une preuve de la vérité de son souhait.

Lorsque nous éprouvons le désir d'écarter ou d'éviter un objet, l'obliquité a lieu dans le sens contraire, c'est-à-dire dans un sens opposé à cet objet. Toutefois, soit pour maintenir l'équilibre du corps, soit pour opposer une résistance au mal qui nous menace, nous étendons vivement les bras et les mains en avant. Quelquefois l'impulsion provoquée par le désir est tellement violente, que les membres ne pouvant assez tôt rétablir l'équilibre du corps en entraînent la chute; et ceci arrive plus souvent aux personnes qui se livrent à une fuite trop précipitée, ou qui ont éprouvé une forte surprise.

Cette action d'équilibre se manifeste même dans les premiers pas du jeune âge. Lorsque l'enfant exerce ses premiers pas incertains, et que, guidé par cet instinct que la nature a donné à tous les êtres, il retourne au sein maternel dont on l'a éloigné, c'est à peine s'il peut céder à la fois et au désir de rejoindre la prévoyante mère qui lui tend ses bras affectueux, et à la crainte si vive aussi de ne pouvoir arriver jusqu'à elle sans fléchir. De manière que tout est inquiétude et désir dans cette figure angélique du bambin; ses bras sont tendus vers celle qui l'attend avec amour, et qui, pour l'engager à ce pénible mais utile exercice, s'éloigne à mesure qu'il approche; son regard attaché au regard de sa mère semble chercher à deviner dans son expression, s'il doit espérer ou craindre; ses pas sont en quelque sorte affermis par le courage que ce regard lui inspire. Enfin, il finit par atteindre le but désiré, et se jette avec abandon dans les bras maternels. (Fig. 4.)

Une seconde remarque pour tous les désirs, en général, c'est que nous mettons d'abord en mouvement le membre ou l'organe qui est le plus propre à saisir ou à goûter l'objet de nos désirs.

Si nous voulons écouter un discours, un bruit, des sons qui excitent notre curiosité, nous amortissons tous les autres sens pour augmenter la inesse de l'ouïe, et, en même temps que nous avançons l'oreille, nous plions tous les membres du corps, nous ouvrons les paupières et écartons les sourcils comme pour rapporter toutes les impressions à l'ouïe. (Fig. 5.)

Si nous voulons saisir un objet qui nous échappe, nous étendous soudainement les bras et les mains vers cet objet, comme si nous voulions par ce mouvement raccourir l'espace qui nous en sépare. (Fig. 6.)

Si nous désirons admirer un objet qui passe, notre regard s'y attache opiniâtrément, comme s'il voulait le retenir plus

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