longtemps. Ou si l'objet que nous désirons découvrir se dérobe à notre vue, soit qu'il se trouve dans le lointain, soit que son petit volume le rende presque imperceptible, la tête se dirige vers le point qu'il occupe, et le regard, devenant plus aigu par le rapprochement de tous les muscles qui entourent l'orbite, s'efforce de le saisir. Leslie a essayé de nous peindre cette position dans son Sentry Box, tableau que nous offrons, moins comme un exemple, que comme un moyen de faire comprendre notre pensée.

Enfin, on doit avoir remarqué que celui qui se brûle un doigt retire aussitôt sa main; que celui qui entend d'infâmes propos se bouche vivement les oreilles; etc.

Dans la manifestation du désir, et pour atteindre plus promptement le résultat que nous attendons, nous employons le moyen le plus direct, le plus violent, celui qui peut nous mener le plus vivement au but. Excepté cependant si un sentiment plus vif, plus impétueux, plus dominant, surprend avec plus d'empire et amortit cette première impulsion du désir; alors l'action s'accomplira rarement, et suivra l'impulsion du désir nouveau, si celui-ci absorbe tout à fait l'autre.

On dit qu'un jour Talma, au milieu d'un accès de jalousie contre une femme qui le trompait, s'élançant sur elle furieux, rugissant, plus terrible cent fois qu'il ne l'avait été dans ses colères de théâtre, fut effrayé en passant devant une glace de l'expression de sa physionomie : il s'arrêta tout à coup, oubliant son désir de vengeance sous l'empire de l'ambition; posa devant lui-même; s'étudia; prit la nature sur le fait; et, le soir, il épouvanta le parterre, en récitant, avec un accent inconnu jusqu'alors, les menaces d'Othello contre Desdemone.

Mais si aucune cause étrangère ne vient distraire la première impulsion du désir, l'action en sera aussi subite et aussi

et

prompte que l'aura été le désir lui-même. Dans cet état l'homme, entièrement soumis à l'influence du sentiment qui le domine, fixe ses yeux immobiles sur l'objet qu'il veut saisir, semble le retenir par son œil menaçant. Rien ne peut détourner son attention. Les objets qui pourraient intervenir, ou qui se trouveraient entre lui et le but du désir, ne sauraient empêcher son regard de pénétrer jusqu'à lui; et, sans en changer la direction, sans chercher si des moyens plus faciles ne s'offrent pour accomplir plus promptement son désir, il marche devant lui; obstacles et difficultés, il franchit tout, il frappe et renverse tout ce qui s'oppose à sa volonté, sans consulter sa force, sans prévoir s'il pourra braver ou non les empêchements qui surviendront encore. Le désir a embrasé la machine entière, il faut que tout obéisse à son impulsion: tel un boulet dont rien ne peut contrarier la course, jusqu'au but vers lequel la force du mortier l'a jeté.

Egysthe, qui nourrit contre Polyphonte la soif de venger la mort de son père, et qui veut empêcher que ce tyran ne devienne l'époux de sa mère, s'élance furieux vers le temple où l'hymen est près de se célébrer; se frayant un chemin à travers la foule, à travers les gardes qui remplissent le lieu sacré, il court, il monte aux autels, et, plus prompt que les éclairs, il frappe le tyran. (Fig. 10.)

Dans le désir de répulsion où l'on doit reculer, l'action suit le même mouvement en sens contraire, c'est-à-dire que l'on prend la ligne la plus directe pour fuir le mal. Toutefois, avant de se livrer à la fuite, et au moment où le désir se manifeste, nous reculons seulement de quelques pas, fixant attentivement le regard sur le sujet malfaisant, comme pour mesurer d'abord l'importance du danger pour mieux l'éviter ensuite.

Figurez-vous, en effet, une jeune et timide paysanne qui