L'abbé de Mably, moraliste et politique: étude sur la doctrine morale du jacobinisme puritain et sur le développement de l'esprit républicain au XVIIIe siècle

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Slatkine Reprints, 1886 - Political science - 208 pages
 

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Page 85 - État des gens distingués par la naissance, les richesses ou les honneurs ; mais s'ils étaient confondus parmi le peuple, et s'ils n'y avaient qu'une voix comme les autres, la liberté commune serait leur esclavage, et ils n'auraient aucun intérêt à la défendre, parce que la plupart des résolutions seraient contre eux. La part qu'ils ont à la législation doit donc être proportionnée aux autres avantages qu'ils ont dans l'État...
Page 88 - Plus j'y réfléchis et plus je suis convaincu que l'inégalité des fortunes et des conditions décompose, pour ainsi dire, l'homme et altère les sentimens naturels de son cœur ; parce que des besoins superflus lui donnent alors des désirs inutiles pour son bonheur véritable, et remplissent son esprit des préjugés ou des erreurs les plus injustes et les plus absurdes.
Page 186 - Ne demandez point à ce peuple prince d'avoir un caractère, il ne sera que volage et inconsidéré. Il n'est jamais heureux, parce qu'il est toujours dans un excès. Sa liberté ne peut se soutenir que par des révolutions continuelles.
Page 56 - ... d'aliment, mais le moindre ferment dangereux ? Je crois qu'on ne contestera pas l'évidence de cette proposition : Que là où il n'existerait aucune propriété, il ne pourrait exister aucune de ses pernicieuses conséquences.
Page 144 - Que l'autorité souveraine soit unique, et supérieure à tous les individus de la société et à toutes les entreprises injustes des intérêts particuliers; car l'objet de la domination et de l'obéissance est la sûreté de tous et l'intérêt licite de tous. Le système des contreforces dans un gouvernement est une opinion funeste, qui ne laisse apercevoir que la discorde entre les grands et l'accablement des petits.
Page 149 - Le roi , les pairs et les communes communes sont seulement forcés par cette constitution de se rapprocher pour qu'un bill ait force de loi; aucun de ces trois membres du corps législatif ne souffrira d'être sacrifié aux deux autres ; le gouvernement s'affermit, l'habitude lui donne des forces, et la nation a des lois impartiales et également favorables à la prérogative royale , à la dignité des pairs et à la liberté du peuple. Il est bizarre de vouloir comparer l'équilibre physique et...
Page 90 - ... distribue inégalement ses bienfaits, mais il me semble que ce n'est point avec une disproportion égale à la monstrueuse différence que nous voyons dans la fortune des hommes. En nous donnant des goûts, des qualités, des forces et des...
Page 184 - Mais, puisque ces heureuses républiques sont rares dans le monde, puisque les hommes, toujours portés à la tyrannie ou à la servitude par leurs passions, sont assez méchants ou assez sots pour faire des lois injustes et absurdes, quel autre remède peut-on appliquer à ce mal que la désobéissance ? Il en naîtra quelques troubles ; mais pourquoi en être effrayé ? Ce trouble est luimême une preuve qu'on aime l'ordre et qu'on veut le rétablir.
Page 89 - N'at-elle pas donné à tous les hommes les mêmes organes, les mêmes besoins, la même raison? les biens qu'elle avait répandus sur la terre ne leur appartenaient-ils pas en commun? Où trouvera- t-on un principe d'inégalité?
Page 139 - ... et puisqu'on a vu trois ou quatre princes dans toute l'histoire , qui ont donné volontairement des bornes à leur autorité pour la rendre plus ferme et plus durable , il n'est pas impossible que cet événement se renouvelle parmi nous, mais il seroit insensé de l'attendre avec nonchalance.

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