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2°. Le tabaxir du même Avicennes, femble n'être autre chofe que le facchar mambu des Indes, ou le fucre naturel des anciens qui venoit du rofeau en arbre. Ce rofeau qui leur étoit également eft l'arundo mambu. Pifon Mant. Aromat. 185, arundo arbor, in qua bumor lacteus gignitur, qui tabaxir Avicenne, & Arabicus dicitur, C. B. P. Ili, Hort, Malab. 1. 16.

connu,

Ses racines font genouillées & fibrées; il en fort des tiges fort hautes cylindriques, dont l'écorce eft verte, & dont les nœuds font durs; ces racines font compofées de filamens ligneux blanchâtres & féparés aux nœuds par des cloifons ligneufes de ces noeuds fortent de nouvelles branches & des rejettons, creux en dedans, garnis auffi de nœuds, armés d'une, de deux ou d'un plus grand nombre d'épines, oblongues & roides, les tiges s'élevent à la hauteur de dix ou quinze piés, avant que de donner des ra

meaux.

Lorsqu'elles font tendres & nouvelles, elles font d'un verd-brun, prefque folides, remplies d'une moëlle légere, fpongieufe & liquide, que le peuple fuce avec avidité, à caufe de fon goût agréable. Lorfqu'elles font vieilles, elles font d'un blanc jaunâtre, luifantes, creufes en dedans, & enduites d'une espece de chaux: car la fubftance, la couleur, le goût & l'efficacité de la liqueur qu'elles contiennent fe changent, & cette liqueur fort peu-à-peu; elle fe coagule fouvent près des nœuds par l'ardeur du foleil, & acquiert la dureté de la pierre ponce mais elle perd bientôt cette douceur, & devient d'un goût un peu aftringent, femblable à celui de l'ivoire brûlé c'eft cette liqueur que les habitans du pays appellent Sacchar mambu, &

que Garcias & Acofta nomment tabaxir Će fuc eft d'autant meilleur, qu'il est plus léger & plus blanc; mais il eft d'autant plus mauvais, qu'il eft plus inégal & de couleur cendrée.

Les feuilles fortent des nœuds, portées fur des queues très-courtes; elles font vertes, longues d'un empan, larges d'un doigt près de la queue, plus étroites vers la pointe, cannelées & rudes à leurs bords.

Les fleurs font dans des épis écailleux, femblables à celles du froment, plus petites cependant, pofées en grand nombre fur les petits nœuds des tiges; elles font à étamines, & pendantes à des filamens très-menus.

On trouve quelques-uns de ces roseaux fi grands & fi folides, que felon Pison, on en fait des canaux en les coupant par le milieu, & on laiffe deux nœuds à chaque extrémité.

Les Indiens eftiment beaucoup les nouveaux rejettons, qui font fort fucculens & de bon goût, parce qu'ils fervent de bafe à la compofition qu'ils nomment achar, & qui fait leurs délices.

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Quoique ces rofeaux foient remplis dans le commencement d'une liqueur agréable, cependant on ne la trouve pas dans tous les roseaux, ni dans toutes fortes de terres; mais elle eft plus ou moins abondante, felon la force du soleil & la nature du terroir. Or quoique le prix de ce fucre varie felon la fertilité de l'année, cependant Pison rapporte qu'on le vend toujours dans l'Arabie au poids de l'argent; ce qui en fait la cherté, c'est que les médecins des Indiens, des Arabes des Maures des Perfes & des Turcs, le regardent comme fouverain dans les inflammations internes, les dyfenteries bilieuses, les ftranguries & les gonorrhées.

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Les anciens connoiffoient cette espece de Sucre, qn'il ne faut pas confondre avec celui que les modernes tirent par art des cannes à fucre. Les Perfes, les Arabes l'appellent encore tabaxir, mot que les nouveaux grecs & latins qui ont interprêté les Arabes, ont rendu par celui de cendre ou de Spode. Mais il faut obferver que le fpode des Arabes eft bien différent de celui des anciens grecs; car ceux-ci ont entendu par ce mot la cendre du cuivre, & les Arabes entendent par

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le même mot de spode, le facchar mambu, | a plufieurs tiges droites qui fortent de la ou même le fucre commun. racine, & s'élevent à la hauteur de deux coudees: fes feuilles font larges, arrondies, épaiffes, & blanches, d'où il découle une liqueur laiteufe quand on les coupe.

3. Pour ce qui regarde le facchar albuffer ou alhefer ou albuffal des Arabes, nous n'en pouvons parler que par conjectures; car tantôt ils lui ont donné le nom de manne, & tantôt celui de fucre, ne fachant eux-mêmes à quelle efpece ils le devoient rapporter. Avicenne diftingue le zucchar albufar du fucre que l'on tire des rofeaux.

Ses fleurs font jaunes, safranées: fes fruits font pendans deux-à- deux, ob, longs, de la groffeur du poing, attachés chacun à un pédicule de la longueur d'un pouce, courbé, épais, dur & cylindri que. L'écorce extérieure eft membra neufe, verte; l'intérieure eft jaune & reffemble à une peau mince paffée en huile; elles font liées enfemble par des filets femblables aux poils de la pul

Le zucchar alhuffar eft, dit-il, une manne qui tombe fur l'alhuffar, & il reffemble aux grains de fel: il a quelque fa lure & quelque amertume, & il eft un peu déterfif & réfolutif. Il y en a de deux fortes, l'un eft blanc, & l'autre tire furmonaire. le noir : il appelle le blanc iamenum, & le noir agizium; il est utile, felon lui, pour les poumons, l'hydropifie anafarque, en le mêlant avec du lait de chameau; il eft encore bon pour le foie, les reins, & la veffie; il n'excite pas la foif, comme les autres efpeces de fucre parce que fa douceur n'eft pas grande.

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Quoique Avicenne appelle ce fucre, manne qui tombe du ciel, peut-être parce qu'il eft formé en petits grains qui reffemblent à de la manne, cependant il ne vient point du tout de la rofée, mais il découle d'une plante appellée albufar, de la même maniere que les gommes & la manne elle-même, comme Sérapion le reconnoît. L'alhaffer, dit cet auteur. a des feuilles larges & il fort du zucchar des yeux de fes branches & de fes feuilles; on le recueille comme quelque chofe de bon: il a de l'amertume. Cette plante porte des pommes, d'où découle une liqueur brûlante, ftiptique, & très-propre pour faire des cauteres: le bois de l'alhaffer eft poli, gros, droit, & beau. On ne trouve point à préfent dans nos boutiques ce fucre nommé albuffer: cependant il n'eft pas inconnu en Egypte ni dans l'Arabie, car c'est une larme qui découle d'une plante d'Egypte, nommée beid-el-affar, , par P. Alp. de plant. ægypt. 86. Apocynum erectum, incanum, latifolium ægyptiacum, floribus croceis Herman. Par. Bat. Apocynum ægyptiacum lactefcens, filiquâ afclepiadis, C. B. P. 304. Beidelfar alpiei, five apocynum fyriacum, J. B. II. 136. Cette plante vient comme un arbriffeau: elle

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Tout l'intérieur du fruit eft rempli d'un duvet blanc, auffi mou que de la foie, & des graines de la forme de celle de la citrouille, mais moins groffes de moitié, plus applaties, brunes; la pul pe en eft blanchâtre intérieurement & d'un goût amer. Les tiges & les feuilles font blanches, couvertes de duvet; enfin toute la plante paroît être faupoudrée d'une farine groffiere. L'écorce des tiges, & la côte des feuilles, font remplies de beaucoup de lait amer & acre. Cette plante s'appelle communément en Egypte offar, & fon fruit beid-el-offar, c'està-dire, auf d'offar; Honorius Bellus n'a rien pu favoir fur le fucre que l'on dit qui fe trouve fur cette plante, ou qui en dé coule, n'ayant pas pu l'obferver fur les nouvelles plantes qu'il a cultivées : il a feulement remarqué que le lait qui découle de la feuille que l'on a arrachée, fige avec le temps à la playe, & devient comme une certaine gomme blanche femblable à la gomme adragant, fans avoir cependant de la douceur.

fe

qui eft

Il eft vraisemblable que cette larme ou cette efpece de Sucre découle d'ellemême feulement dans les pays chauds. Cette plante croît, felon P. Alpin, dans des lieux humides auprès d'Alexandrie, dans le bras du Nil, appellé Nil-calig & au Caire près de Mathare prefque toujours humide & marécageux caufe du Nil qui y croupit long-temps. On fe fert, dit P. Alpin, de fes feuilles pilées foit crues foit cuites dans l'eau, en forme d'emplâtre pour les tumeurs froides. On fait avec fon duvet des lits ou des couffins; on s'en fert auffi

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à la place d'amadou pour retenir le feu | par l'ouverture d'en-bas, qu'on bouche de la pierre à fufil. Toute cette plante | à demi pour qu'il filtre plus doucement. eft remplie d'un lait très-chaud & brû- Quand les formes font pleines, on ferme Lant, que plufieurs ramaffent dans quel- l'étuve & on lui donne un feu très-vif: ques vaiffeaux pour tanner le cuir & en alors le fucre s'attache aux bâtons dont faire tomber les poils; car fi on le laiffe les formes font traversées, & y reste en quelque temps dans ce lait, tous les petits éclats de crystal : lorfque ce fucre poils tombent. Ce lait étant defféché, eft tout-à-fait fec, on caffe les formes, produit des flax de ventre dyfentériques & l'on en tire le fucre candi. qui font mortels. On l'emploie extérieurement pour diffiper des dartres vives, & autres maladies de la peau. Le temps nous apprendra peut-être fi la larme qui découle d'elle-même, & qu'on nomme Jucre, a la même acrimonie. (D.J.)

SUCRE ANTI-SCORBUTIQUE, Médecine, prenez une certaine quantité de fuc de cochlearia; renfermez ce fuc dans un vaiffeau de verre bien fermé, jufqu'à ce que les féces foient précipitées; décantez la partie claire & la mettez dans un mortier de marbre avec une quantité fuffifante de fucre, travaillez le tout enfemble & faites-le fécher doucement; verfez derechef du fuc fur le même fucre; travaillez le tout derechef & le faites fécher; réiterez sept fois la même opération, & gardez le dernier mélange pour l'ufage.

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SUCRE CANDI, Hift. mod. des Drogues xavdi ou xávdiov par Myrepfe, Sac charum candum officin. eft unsucre dur, transparent, anguleux, d'où lui eft venu fon nom. Il y en a de deux fortes, l'un eft femblable au cryftal & s'appelle cryftallin, qui fe fait avec le fucrè rafiné ou terré; l'autre eft roux & ne devient jamais clair, il fe fait avec la mofcouade & la caffonade. Les uns choififfent celui qui eft très-dur, fec cryftallin & tranfparent; d'autres préferent celui qui eft rouffatre, comme étant plus gras & plus propre en qualité de remede.

Le fucre candi fe fait mieux avec du Sucre terré qu'avec du fucre rafiné, parce que le premier a plus de douceur. On fait diffoudre lè fucre qu'on y veut employer dans de l'eau de chaux foible, & après qu'on l'a clarifié, écumé & paffé au drap, & qu'il eft fuffisamment cuit, on en remplit de mauvaises formes qu'on a auparavant traverfées de petits bâtons pour retenir & arrêter le fucre lorfqu'il fe cryftallife. Ces formes fe fufpendent dans l'étuve déja chaude, avec un pot au deffous pour recevoir le firop qui en fort

On fait du fucre candi rouge en jetant dans la baffine où l'on cuit le fucre, un peu du jus de pommes de raquettes ; & fi l'on veut lui donner du parfum, on jette quelques gouttes d'effence dans le fucre en le mettant dans les formes.

Cette maniere de travailler le fucre candi eft du pere Labat. Celle qui fuit eft du fieur Pomet dans fon hiftoire des drogues, qui ne parle que de celui qui se fait en France, & particuliérement par quelques épiciers-droguiftes & confifeurs de Paris. Ainfi on y trouvera quelque chofe de différent de la maniere de le faire, rapportée par le miffionnaire aux Antilles.

Le fucre candi blanc de France, dit Po-. ́met, fe fait avec du sucre blanc & de la caffonade de Bréfil fondus enfemble & cuits à la grande poèle. Il fe candit à l'é◄ tuve, où on le porte enfermé dans des poèles de cuivre traverfées de petits ba tons autour defquels s'attachent les cryftaux à mesure qu'ils fe forment. Le feu de l'étuve doit être toujours égal. pendant quinze jours, après lefquels on tire le fucre des poèles pour l'égoutter & le fécher.

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Le fucre candi cryftallin, réduit en poudre fine, foufflé dans les yeux, diffipe les tayes récentes de la cornée: il fait encore plus fûrement cet effet étant diffous dans l'eau d'eufraife, de chélidoine ou de fenouil. On le jette fur des charbons ardens & l'on en refpire l'odeur & la fumée dans l'enchifrenement. de la membrane pituitaire, mais fon plus grand usage n'est pas pour les maladies. Les Hollandois en confomment beaucoup pour leurs boiffons de thé & de café ; ils le tiennent dans la bouche en buvant des

liqueurs chaudes, & ils fe perdent ainfi les dents. (D. J.)

On peut encore obtenir un vrai fucre de plufieurs arbres & plantes.

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quet; quand on en a amaffé une quantité fuffifante, on la met dans une chaudiere de fer ou de cuivre que l'on place fur le feu; on y fait évaporer la liqueur, jufqu'à ce qu'elle devienne épaiffe pour ne pouvoir point être remuée facilement: alors on retire la chaudiere du feu & on remue le réfidu, qui en refroidiffant devient folide, concret, & semblable à du

SUCRE D'ERABLE, Hift. nat. les Lauvages du Canada & des autres parties de l'Amérique feptentrionale, font une efpece de fucre, avec une liqueur qu'ils tirent d'une espece d'érable, que les Anglois nomment pour cette ralon, fugar-Sucre brut, ou à de la mélaffe. L'on peut maple, c'est-à-dire, érable de fucre, dont il a été parlé à l'article ÉRABLE. Cet arbre fournit aux habitans de ces climats rigoureux, un fucre qui les dédommage en partie de ce que les cannes de fucre ne croiffent point chez eux. Ray l'appelle acer montanum candidum, les Iroquois lui donnent le nom d'ozeketa. Il y a encore une espece d'érable que Gronovius & Linnæus ont défigné par acer folio palmato angulato flore ferè apetalo fofili, fructu pedunculuto corymbofo. Voyez Gron. flora virgin. 41. & Lin.bort. ups. 94. On en tire auffi du fucre. Les François le nomment érable rouge, plaine ou plane, & les Anglois maple. Le Sucre que fournit cet arbre, eft d'une trèsbonne qualité, & on le regarde comme fort fain; mais c'eft l'érable de fucre qui en donne le plus abondamment. Il fe plaît dans les parties les plus feptentrionales & les plus froides de l'Amérique. & de vient plus rare, à mesure qu'on s'approche du midi. Alors on ne le rencontre que fur de très hautes montagnes & du côté qui eft exposé au nord ; d'où l'on voit que cet arbre exige un pays très-froid.

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Voici la maniere dont les Sauvages & les François s'y prennent pour en tirer lefucre. Au printemps, lorfque les neiges commencent à difparoître ces arbres font pleins de fuc; alors on y fait des incifions, ou bien on les perce avec un foret; & l'on y fait des trous ovales; par ce moyen il en fort une liqueur trèsabondante, qui découle ordinairement pendant l'efpace de trois semaines, cependant cela dépend du temps qu'il fait, car la liqueur coule en plus grande abondance, lorsque la neige commence à fondre, & lorfque le temps eft doux, & l'arbre ceffe d'en fournir, lorfqu'il vient à geler & quand les chaleurs viennent. La liqueur qui découle eft reçue dans un auget de bois, qui la conduit à un ba

donner telle forme que l'on voudra à ce Sucre en le ver ant dans des moules, après qu'il a été épaiffi. On reconnoît que la liqueur eft prête à fe cryftallifer ou à donner du fucre, lorfqu'on s'apperçoit qu'il ceffe de fe former de l'écume à sa furtace, il y en a beaucoup au commencement de la cuiffon, on a foin de l'en lever à mefure qu'elle fe forme; on prend auffi du firop épaiffi avec une cuiller, & l'on obferve fi en fe refroidiffant, il fe convertit en fucre. Alors on ôte la chaudiere de deffus le feu, & on la place fur des charbons; on remue fansceffe, afin que le fucre ne s'attache point à la chaudiere & ne foit point brûlé; en continuant ainfi, le firop fe change en une matiere femblable à de la farine; alors on le met dans un lieu frais, & l'on a du fucre qui reffemble à la mélaffe. II eft d'une couleur brune avant que d'être raffiné, & communément on lui donne la forme de petits pains plats de la gran, deur de la main. Ceux qui font ce fu cre avec plus de foin, le clarifient avec du blanc d'œuf pendant la cuiffon, & alors ils ont un fucre parfaitement blanc,

On regarde le sucre d'érable comme beaucoup plus fain que le sucre ordinaire, & l'on en vante l'ulage pour les rhumes & pour les maladies de la poitrine. Mais d'un autre côté il ne fe diffout point auffi aifément dans l'eau que le fucre des cannes, & il en faut une plus grande quantité pour fucrer. Il y a lieu de croire que fi on le préparoit avec plus de foin que ne font les Sauvages & les François du Canada, on pourroit tirer de ce fucre d'érable un plus grand parti qu'on ne fait, & on le perfectionneroit confidérablement. La liqueur que fournit l'érable. mife dans un barril, & expofee au foleil d'été, fait un très-bon vinaigre,

Les Sauvages & les François du Canada mêlent quelquefois le fucre d'érable avec

de la farine de froment ou de mais, & en forment une pâte dont ils font une provifion pour les grands voyages qu'ils entreprennent. Ils trouvent que ce mélange, qu'ils nomment quitfera, leur fournit un aliment très-nourriffant, dans un pays où l'on ne trouve point de provifions. Les habitans de ces pays mangent auffi ce fucre étendu fur leur pain, chacun en fait fa provision au printemps pour toute l'année.

On fait auffi une efpece de firop avec la liqueur qui découle de l'érable, pour cet effet on ne la fait point bouillir auffi fortement que lorfqu'on veut la réduire en fucre. Ce firop eft très-doux, très-rafraîchiffant & très agréable au goût, lorfqu'on en mêle avec de l'eau; mais il est fujet à s'aigrir, & ne peut être transporté au loin. On s'en fert auffi pour faire différentes efpeces de confitures.

La liqueur telle qu'elle fort de l'arbre, éft elle-même très-bonne à boire, & elle paffe pour fort faine; celle qui découle des incifions faites à l'arbre au commenmencement du printemps, eft plus abondante & plus fucrée que celle qui vient forfque la faifon eft plus avancée & plus chaude; on n'en obtient jamais une plus grande quantité qu'à la fuite d'un hiver rude, & où il est tombé beaucoup de neige, & lorfque le printemps eft froid, & quand il reste encore de la neige fur la terre, & lorsque les nuits font froides & accompagnées de gelée.

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& non de haut en bas, fans quoi l'eau dể la pluie en féjournant dans l'ouverture, feroit périr l'arbre.

Tous ces détails font dus à M. Pierre Kalm, de l'académie de Stockholm, qui a vu par lui-même le travail qui vient d'être décrit, & en a rendu compte à l'académie dont il étoit membre, dans une differtation inférée dans le t. XIII de fes mémoires, année 1751; il conclud de ces faits, que l'on pourroit avec fuccès tirer le même parti des érables qui croiffent dans les parties feptentrionales de l'Europe. M. Gautier correfpondant de l'académie des fciences de Paris, à pareillement rendu compte à l'académie, de la maniere dont fe fait le sucre d'érable, dans un mémoire inféré dans le fecond volume des mémoires présentés à l'académie t. II ̧ que l'on a auffi confulté dans cet article.

M. Kalm obferve que l'on obtient pareillement du fucre d'une efpece de bouleau, que les Anglois nomment sugarbirch, ou black-birch, betula folio ovali, oblongo, acumine ferrato. Gron. flor. virgin. 188; mais le fucre qu'on en tire eft en fi petite quantité, qu'il ne dédommage point de la peine.

On tire auffi du fucre d'un arbre d'Amérique, appellé par les François le hoyer amer, & par les Anglois hickory 5 nux juglans virginiana alba minor, fručtu nuci mofchatæ fimili, cortice glabro', fummo faftigio veluti in aculeum producto. Pluknet. Phyt. La liqueur que donne cet arbre eft très-fucrée, mais en très-petite quantité.

On obtient encore du fucre de la plantè appellée gleditfia, par Gronovius & Linnæus, bort. upfal. 29J. Lawfon dans fon hiftoire de la Caroline, p. 97, dit qu'on en plante en Virginie dans beaucoup de jardins pour cet ufage.

On a remarqué que durant les vents d'eft, ces arbres ceffent bien-tôt de donner de la liqueur. Ils en fourniffent plus dans un temps ferein, que lorfque le temps eft couvert, & jamais on n'en obtient plus que lorsqu'une nuit froide eft fuivie d'un jour clair & doux. Les érables d'une grandeur moyenne fourniffent le plus de liqueur; ceux qui font Le maïs ou blé de Turquie fournit auffi dans les endroits pierreux & montueux, une liqueur propre à faire du fucre lorfdonnent une liqueur plus fucrée que ceux qu'il eft verd; on trouve dans la tige un de la plaine. Un bon arbre produit de 4 fuc limpide, qui eft très-doux; les Sauà 8 pintes de liqueur en un jour, & lorf-vages d'Amérique coupent le maïs pour que le printemps eft frais, un feul arbre fournira de 30 à 60 pintes de liqueur, dont 16 pintes donnent communément une livre de fucre. Un même arbre fournit de la liqueur pendant plufieurs années, mais il faudra pour cela faire les incifions & percer les trous toujours du même coté, & les faire de bas en haut,

en fucer le fuc. On peut encore obtenir du fucre de la ouatte, (afclepius, caule erecto fimplici annuo. Lin. hort. Clifford. 78.) On en tire auffi des fleurs que l'on cueille de grand matin lorfqu'elles font pleines de rofée; on en exprime un fuc qui épaiffi par la cuiffon, donne du sucre.

Le P. Charlevoix dans son histoire de

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