NOTICE HISTORIQUE ET BIBLIOGRAPHIQUE. L'Architecture navale est une science d'origine relativement récente, même lorsqu'on l'envisage au point de vue restreint de la construction proprement dite de la charpente. Les règles qui présidaient autrefois à l'édification des navires ne sortaient guère des corporations, ou même des familles de charpentiers-constructeurs. Ces derniers se transmettaient de génération en génération les proportions à observer entre les dimensions de la charpente et les échantillons à attribuer à ses diverses pièces, suivant la grandeur du bâtiment. Les auteurs qui ont publié les premiers les pratiques des constructeurs de leur temps ne remontent qu'aux premières années du xvn siècle. Nous citerons parmi les plus anciens : 1607. Bartolomeo Crescenzio. Nautica Mediterranea. Roma. Ouvrage qui eut, en 1625, une nouvelle édition à Venise. 1614. Pantero-Pantera. L'Armata Navale. Roma. 1622. Hobier. Petit Traité de la fabrication des gallaires et de leur équipage. Paris. 1629. Furttenbach. Architectura Navalis. Ulm. Ces divers Ouvrages sont purement descriptifs et n'ont d'autre intérêt que celui de nous fournir les dimensions de quelques navires de l'époque. 1643. Le P. G. Fournier. Hydrographie. Sorte de compilation ou d'encyclopédie maritime, contenant la théorie et la pratique de toutes les parties de la navigation. Ce curieux Ouvrage fut réédité en 1667 et en 1679. Il renferme tout ce que l'on possédait de connaissances maritimes au milieu du xvu siècle. 1646. Ruberto Dudleo, duca di Nortumbria. Arcano del mare. Firenze. 1668. Van Ryk. L'Art de bâtir les vaisseaux. La Haye. 1670. Sir Henry Manwayring. The seaman's dictionary. London. 1671. Le P. Pardies. Traité de Géométrie. Dans ce petit Traité, le P. Pardies aborde pour la première fois le problème de la dérive et cherche à le résoudre à l'aide des notions de Mécanique, alors très élémentaires (Chapitre des Forces mouvantes). C'est, croyons-nous, le premier essai d'application à une question d'Architecture navale des ressources de la Mécanique, science encore à ses débuts. 1671. Nicolas Witsen. Sheeps bouw en bestier. Amsterdam. L'Auteur, bourgmestre d'Amsterdam, hôte de Pierre le Grand et constructeur renommé, avait eu la gloire de construire la flotte de Ruyter. L'apparition de cet Ouvrage, où les principes de la construction des navires étaient accompagnés d'importants développements historiques et archéologiques, eut un retentissement énorme en Europe. Les États de Hollande, jaloux de posséder un constructeur aussi habile, interdirent l'exportation de ce livre, dont un seul exemplaire put parvenir à la Bibliothèque du Louvre. 1674. Sir W. Petty. Discourse made before the Royal Society. London. 1677. Dassié. L'Architecture navale. Paris. Cet Ouvrage, purement pratique, ne contient que des énumérations de pièces de charpente et accessoires, avec leurs principales dimensions. Les Ordonnances de Colbert (1681-1689), relatives à la Marine de commerce et aux arsenaux, ne renferment que peu de documents intéressant l'Architecture navale proprement dite. 1681. Johannes de Vivie. W. a Winschootens Seeman. Leiden. 1687. Desroches. Dictionnaire de Marine. Paris. 1689. Le chevalier Renau. Manœuvre des vaisseaux. Paris. Les premières questions de théorie du navire comportant l'application de spéculations mathématiques furent la Dérive et la Marche au plus près qui sont traitées dans ce petit Livre et qui provoquèrent entre les contemporains de longues discussions.On retrouve, dans le Journal des Savants, les traces de la polémique qu'échangèrent à cette époque, avec Renau, Huygens, Parent, L'Hôpital et Jean Bernoulli, polémique qui se termina par la publication, en 1714, de l'Essay, de Jean Bernoulli, dont il sera fait mention tout à l'heure. 1689. Le chevalier Barras de la Penne. Dictionnaire de Marine. 1691. Anonyme. Construction des vaisseaux du Roy. Le Havrede-Grace. 1691. Sir W. Petty. An account of several new inventions. Also a treatise of Naval Philosophy. London. 1693. Anonyme. Vocabulario marittimo. Sevilla. 1695. Allard. Nieuwe Sheepsbouw. Amsterdam. 1696. Le P. Paul Hoste. Art des armées navales ou Traité des évolutions navales. Lyon. L'Auteur, chapelain de l'escadre de Tourville et professeur de Mathématiques au Séminaire royal de Toulon, fit suivre presque immédiatement cet Ouvrage de tactique du Traité d'Architecture navale ci-après. 1697. Le P. Paul Hoste. Théorie de la construction des vaisseaux. Lyon. L'Auteur a recours, dans ce Traité, aux notions, encore bien élémentaires, de l'époque sur la résistance des matériaux et la Mécanique appliquée. On y rencontre la description d'une sorte d'expérience de stabilité et de vagues indications sur les mouvements de roulis et de tangage. 1697. Van Yk. Sheepsbouw Konst. Amsterdam. 1698. Jean Bouguer, le père. Traité complet de navigation. Paris. 1702. Aubin. Dictionnaire de Marine, Amsterdam. Cet Ouvrage eut de nombreuses éditions. 1706. John Hardingham. The accomplished Shipwright and Mariner. London. 1711. W. Sutherland. Shipbuilder's Assistant. London. 1713. H. Parent. Essais et Recherches de Mathématiques et de Physique. Paris. 1714. Art de bâtir les vaisseaux. Amsterdam. 1714. Jean Bernoulli. Essay d'une nouvelle théorie de la manœuvre des vaisseaux. Basle. Ce célèbre Traité fut écrit, comme nous l'avons dit, en réponse à celui du chevalier Renau. 1717. W. Sutherland. Mystery of Shipbuilding unveiled. London. 1719. Falconner. An universal Dictionary of the Marine. London. 1727. Bouguer. De la mature des vaisseaux. Paris. Ce Mémoire, couronné par l'Académie des Sciences, ouvre la série des travaux de l'illustre auteur sur les Constructions navales et la Navigation. 1731. Pitot. La Théorie de la manœuvre des vaisseaux. Paris. 1732. Don Ant. Gabriel Fernandez. Practica de Maniobras de los Vasios. Cadiz. 1745. Saverien. Nouvelle théorie de la manœuvre des vaisseaur. Paris. 1746. Bouguer. Traité du navire, de sa construction et de ses mouvements. Paris. Dans ce très important Traité, véritable début de l'Architecture navale théorique, l'Auteur aborde toutes les questions théoriques et les traite avec une méthode et une précision remarquables. Il indique le moyen de calculer à l'avance la capacité du navire, puis, grâce à la notion du métacentre qu'il introduit en Hydrostatique, les éléments de sa stabilité. II n'est pas inutile de faire remarquer que, jusqu'à cette époque. les constructeurs effectuaient peu ou point de calculs sur les plans des bâtiments; les méthodes d'intégration numérique étaient peu répandues et l'assimilation du contour des couples à des portions d'ellipses ou même de circonférences était souvent la seule ressource. 1749. Léonard Euler. Scientia Navalis. Saint-Pétersbourg. Dans ce Mémoire, l'Architecture navale revêt la forme la plus théorique. L'Ouvrage, entièrement écrit en latin, ne comporte guère que des calculs abstraits. On y trouve, entre autres choses, la détermination et le rôle du moment d'inertie d'une flottaison et les propriétés les plus immédiates des flottaisons isocarènes. 1750. Saverien, Ingénieur de la Marine. Mesure du sillage des vaisseaux. Paris. On trouve dans cet Ouvrage une des premières applications des tubes dits de Pitot à la mesure de la vitesse des navires. 1752. Duhamel du Monceau. Éléments de l' Architecture navale. Paris. L'Auteur était à cette époque Inspecteur des constructions de la Marine royale et chargé en cette qualité de surveiller l'enseignement que les maîtres charpentiers, en vertu de l'Ordonnance royale du 15 avril 1689, donnaient dans chacun des arsenaux aux officiers et gardes de la Marine sur la construction navale. Son Ouvrage, très méthodique, et dont le titre répond bien à la signification que nous lui attribuerions aujourd'hui, renferme la description de la charpente, les règles de tracé des plans de formes et les méthodes à suivre pour les calculs à effectuer sur ces plans; il devait, quelques années plus tard, devenir la base de l'enseignement à l'École unique des Ingénieurs-Constructeurs qui fut créée à Paris en 1765. A partir de l'année 1753, l'Académie des Sciences, qui depuis 1720 avait déjà proposé en prix quelques questions de Navigation ou de Construction navale, proposa aux savants de tous les pays plusieurs questions importantes d'Architecture navale. Ces concours eurent pour résultat la présentation de Mémoires très intéressants, que nous indiquerons à leur date, et dont un grand nombre furent couronnés et publiés dans la collection de neuf Volumes (1721-1777) du Recueil des pièces qui ont remporté les prix de l'Académie des Sciences, ou aussi séparément. A partir de 1776 et jusqu'en 1786, les Mémoires couronnés par l'Académie, que nous citerons, se trouvent dans les Mémoires présentés par divers savants. 1753. Daniel Bernoulli, Mathon de la Cour, Pereyre, Léonard Euler. La manière la plus avantageuse de suppléer à l'action du vent sur les vaisseaux, soit en y appliquant les rames, soit en employant quelque autre moyen que се puisse être. Paris. (Prix de l'Académie des Sciences.) 1754. P. Bouguer. Solution des principaux problèmes de la manœuvre des vaisseaux, et (1755), du mème, second Mémoire sur le même sujet (Mémoires de l'Académie des Sciences). Paris. 1755. Chauchot, Sous-Constructeur des vaisseaux du Roy. La manière de diminuer le plus qu'il est possible le roulis et le tangage d'un navire, sans qu'il perde sensiblement, par cette diminution, aucune des bonnes qualités que sa construction doit luy donner. Paris. (Prix de l'Académie des Sciences.) 1757. Daniel Bernoulli. Mème question qu'en 1755 sur le roulis et le tangage. Paris. (Prix de l'Académie des Sciences.) C'est dans ce dernier Mémoire que fut exposée la théorie du roulis, qui resta classique, sous le nom de théorie de Bernoulli, jusqu'au milieu du XIXe siècle. |