lui contre la tyrannie, souhaite tout haut la liberté, le provoque à parler. Aussitôt deux délateurs qu'il a cachés derrière la porte, se jettent sur Sabinus en criant : « Trahison contre César, » et le traînent, la face voilée, au tribunal d'où il sortira pour être jeté aux Gémonies. — Un peu plus loin le sénat s'as . semble. Tibère choisit sous main les accusateurs de Latius et leur fait distribuer leurs rôles. Ils chuchotent dans un coin, pendant que l'on redit tout haut: Vis longtemps et heureux, César, grand et royal César, Puis le héraut cite les accusés; le consul prononce le réquisitoire; Afer déchaîne contre eux son éloquence meurtrière; les sénateurs s'échauffent; on voit à nu, comme dans Tacite et Juvénal, les profondeurs de la servilité romaine, l'hypocrisie, l'insensibilité, la venimeuse politique de Tibère. — Enfin, après tant d'autres, le tour de Séjan approche. Les Pères entrent inquiets dans le temple d'Apollon ; depuis quelques jours, Tibère semble prendre à tâ 1. Cæsar, Guard (Acte III, sc. 1.) che de se démentir lui-même; il élève les amis de son favori et le lendemain il met ses ennemis aux premiers postes. On observe le visage de Séjan eton ne sait que prévoir; Séjan s'est troublé; puis, un instant servile, il s'est montré plus arrogant que jamais. Les intrigues se croisent, les rumeurs se contredisent. Macron seul sait le secret de Tibère, et l'on voit les soldats se ranger à la porte du temple, prêts à entrer au premier bruit. On lit la formule de convocation, et le conseil note les noms de ceux qui manquent à l'appel; puis il fait son rapport et annonce que César « confère à l'homme qu'il aime, au trèshonoré Séjan » la dignité et la puissance tribunitienne. Voici les lettres scellées de son sceau. SÉNATEURS. COTTA. TRIO. LATIARIS. HATÉRIUS. SANQUINIUS. PREMIER SÉNATEUR. Très-honoré et très-noble ! DEUXIÈME SÉNATEUR. Bon et grand Séjan! LE HÉRAUT. Silence ?! On lit la lettre de Tibère. Ce sont d'abord de longues phrases obscures et vagues, mêlées de protestations et de récriminations indirectes, qui annoncent quelque chose et ne révèlent rien. Tout d'un coup, paraît une insinuation contre Séjan. Les Pères s'alarment; mais la ligne qui suit les rassure. Deux 1. The majesty of great Tiberius Cæsar SENATORS. COTTA. TRIO. LATIARIS. HATERIUS. SANQUINIUS. FIRST SENATOR. SECOND SENATOR. PRÆCO. (Acte V, sc. x.) phrases plus loin la même insinuation revient, plus précise. « Quelques-uns, dit Tibère, pourraient représenter sa sévérité publique comme l'effet d'une ambition privée; dire que sous prétexte de nous servir, il écarte ce qui lui fait obstacle; alléguer la puissance qu'il s'est acquise par les soldats prétoriens, par sa faction dans la cour et dans le sénat, par les places qu'il occupe, par celles qu'il confère à d'autres, par le soin qu'il a pris de nous pousser, de nous confiner malgré nous dans notre retraite, par le projet qu'il a conçu de devenir notre gendre. Les Pères se lèvent : « Cela est étrange'! » On voit leurs yeux ardents fixés sur la lettre, sur Séjan qui sue et pâlit; leurs pensées courent à travers toutes les conjectures, et les paroles de la lettre tombent, une à une, dans un silence de mort, saisies au vol avee une énergie d'attention dévorante: Ils sondent anxieusement les profondeurs de ces phrases tortueuses, tremblant de se compromettre auprès du favori ou auprès du maître, sentant tous qu'ils doivent comprendre sous peine de vie. « Vos sagesses, Pères conscrits, peuvent examiner et censurer „ces 1. Some there be that would interpret his public severity a to be particular ambition; and under a pretext of service to us, a he doth but remove his own lets; allegingt he strengths he has « made to himself by the prætorian soldiers, by his faction in « court and senate, by the offices he holds himself, and confers < on others, his popularity and dependents, bis urging and a almost driving us to this our unwilling retirement, and, lastly, « his aspiring to be our son-in-law. SENATOR. a This is strange! » suppositions. Mais, si elles étaient livrées à notre jugement qui veut absoudre, nous ne craindrions pas de les déclarer, comme c'est notre avis, trèsmalicieuses. » — « Oh! il a tout réparé. Écoutez! » Cependant on offre de les prouver, et les dénonciateurs y engagent leur vie'. » Sur ce mot, la lettre devient menaçante. Les voisins de Séjan le quittent : « Plus loin ! plus loin ! Laissez-nous passer! » Le pesant Sanquinius saute en haletant pardessus les bancs pour s'enfuir. Les soldats entrent, puis Macron: Et voici qu'enfin la lettre ordonne d'arrêter Séjan. On le charge d'injures : « Hors d'ici, – au cachot, il le mérite. Couronnons toutes nos portes de lauriers, — qu'on prenne un bæuf aux cornes dorées, avec des guirlandes, et qu'on le mène sur-le-champ au Capitole,- et qu'on le sacrifie à Jupiter pour le salut de César. — Que tous nos dieux protégent César. — Qu'on efface les titres du traître.— Jetez à bas ses images et ses statues. — Liberté, liberté, liberté ! Louange à Macron qui a sauvé Rome'. » Ce sont les aboiements d'une 1. a Your wisdoms, conscript fathers, are able to examine e and censure these suggestions. But were they left to our « absolving voice, we durst pronounce them, as we tbink them, a most malicious. ) SENATOR. O, he has restored all; list! a Yet are they are offered to be avered, and on the lives of the @ informers..., ) |