Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]

chaperon de feuilles; d'abord elle était belle comme « le matin et pleine de la rosée du ciel; mais quand << un souffle rude eut brutalement livré au jour sa "modestie virginale et démantelé sa trop fraîche et « trop frêle retraite, elle commença à se ternir, puis à décliner vers l'abattement et la vieillesse <«< maladive; elle pencha la tête, sa tige se rompit, « et le soir, ayant perdu quelques-unes de ses feuilles « et toute sa beauté, elle tomba dans le sort des << mauvaises herbes et des visages flétris. Tel est le « sort de tout homme et de toute femme : devenir l'héritage des vers et des serpents dans la froide « terre immonde,. avec notre beauté si changée «< que bientôt nos amis ne nous reconnaîtraient plus; et ce changement mêlé de tant d'horreur... « que ceux qui six heures auparavant nous com<< blaient de leurs charitables ou ambitieux services, <«< ne peuvent sans quelque regret rester seuls dans «< la chambre où gît le corps dépouillé de la vie et << de ses honneurs 1. >>

[ocr errors]

1. Reckon but from the sprightfulness of youth, and the fair cheeks and full eyes of childhood, from the vigorousness and strong flexure of the joints of five-and-twenty, to the hollowness and dead paleness, to the loathsomeness and horror, of a three days' burial, and we shall perccive the distance to be very great and very strange. But so have I seen a rose newly springing from the clefts of its hood, and, at first, it was fair as the morning, and full with the dew of heaven, as a lamb's fleece; but when a ruder breath had forced upon its virgin modesty, and dismantled its too youthful and unripe retirements, it began to put on darkness, and to decline to softness and the symp. toms of a sickly age: it bowed the head, and broke its stalk; and, at night, having lost some of its leaves and all its beauty,

Amené là, comme Hamlet au cimetière, parmi les crânes qu'il reconnaît et sous l'oppression de la mort qu'il touche, l'homme n'a plus qu'un effort à faire pour voir se lever dans son cœur un nouveau monde. Il cherche le remède de ses tristesses dans l'idée de la justice éternelle, et l'implore avec une ampleur de paroles qui font de la prière un hymne en prose aussi beau qu'une œuvre d'art.

Éternel Dieu, tout-puissant père des hommes «< et des anges, par le soin et la providence de qui je suis conservé et gardé, soutenu et assisté, je te << demande humblement de pardonner les péchés et « les folies de cette journée, la faiblesse de mon ser

[ocr errors]

it fell into the portion of weeds and outworn faces. The same is the portion of every man and every woman; the heritage of worms and serpents, rottenness and cold dishonour, and our beauty so changed that our acquaintance quickly knew us not; and that change mingled with so much horror, or else meets so with our fears and weak discoursings, that they who, six hours ago, tended upon us, either with charitable or ambitious services, cannot, without some regret, stay in the room alone where the body lies stripped of its life and honour. I have read of a fair young German gentleman, who, living, often refused to be pictured, but put off the importunity of his friends' desire by giving way, that, after a few days' burial, they might send a painter to his vault, and. if they saw cause for it, draw the image of his death unto the life. They did so, and found his face half eaten, and his midriff and backbone full of serpents; and so he stands pictured among his armed ancestors. So does the fairest beauty change, and it will be as bad with you as me; and then what servants shall we have to wait upon us in the grave? what friends to visit us? what officious people to cleanse away the moist and unwholesome cloud reflected upon our faces from the sides of the weeping vaults, which are the longest weepers for our funeral?

1. Golden grove.

LITT. ANGL.

11- - 18

« vice et la force de mes passions, la témérité de « mes paroles, la vanité et le mal de mes actions.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

O juste et bien-aimé Dieu, combien de temps en« core viendrai-je ainsi confesser mes péchés, prier <«< contre leur séduction, et pourtant retomber sous <«<leur prise! Oh! qu'il n'en soit plus ainsi, et que je ne retourne jamais aux folies dont je suis humilié, qui amènent le chagrin et la mort et ton déplaisir pire que la mort! Donne-moi l'empire « sur mes penchants, et une parfaite haine du péché, «<et un amour de toi au-dessus de tous les désirs de « ce monde. Qu'il te plaise de me préserver et de « me défendre cette nuit de tout péché, de toute << violence du hasard, de la malice des esprits des « ténèbres. Garde-moi dans mon sommeil, et, en«< dormi ou éveillé, que je sois ton serviteur. Sois le premier et le dernier dans mes pensées, et le guide «<et l'assistance continuelle de toutes mes actions. << Préserve mon corps, pardonne le péché de mon âme << et sanctifie mon cœur. Que je vive toujours sainte<«<ment, justement, sagement; et quand je mourrai, « reçois mon âme1....

[ocr errors]
[ocr errors]

1. Eternal God, Almighty Father of thousand angels, by whose care and providence I am preserved and blessed, comforted and assisted, I humbly beg of thee to pardon the sins and follies of this day, the weakness of my services, and the strength of my passions, the rashness of my words, and the vanity and evil of my actions. O just and dear God, how long shall I confess my sins, and pray against them, and yet fall under them? O let it be so no more; let me never return to the follies of which I am ashamed, which bring sorrow and death, and thy displeasure, worse than death. Give me a command

V

Ce n'était là pourtant qu'une demi réforme, et la religion officielle était trop liée au monde pour entreprendre de le nettoyer jusqu'au fond; elle réprimait les débordements du vice, elle n'en attaquait pas la source, et le paganisme de la Renaissance suivant sa pente, aboutissait déjà, sous Jacques Ier, à la corruption, à l'orgie, aux mœurs de mignons et d'ivrognes, à la sensualité provocante et grossière' qui, plus tard, sous la Restauration, étala son égout au soleil. Mais sous le protestantisme établi s'étendait le protestantisme interdit; les yeomen se faisaient leur foi comme les gentilshommes, et déjà les puritains perçaient sous les anglicans.

over my evil inclinations and a perfect hatred of sin, and a love to thee above all the desires of this world. Be pleased to bless and preserve me this night from all sin and violence of chance, and the malice of the spirits of darkness: watch over me in my sleep, and, whether I sleep or wake, let me be thy servant. Be thou first and last in all my thoughts and the guide and continual assistance of all my actions. Preserve my body, pardon the sin of my soul, and sanctify my spirit. Let me always live holily and justly and soberly; and, when I die, receive my soul into thy hands.

1. Voir le théâtre de Beaumont et Flechter, les personnages de Bawder, Protalyce et Brunehaut dans Thierry et Théodoret. Dans The custom of the country, plusieurs scènes représentent l'intérieur d'une maison de prostitution, chose fréquente du reste dans ce théâtre (Massinger, Shakspeare). Mais ici les pensionnaires de la maison sont des hommes. Voyez aussi Rule a wife and have a wife.

Nulle culture ici, nulle philosophie, nul sentiment de la beauté harmonieuse et païenne. La conscience parlait seule, et son inquiétude était devenue une terreur. Le fils du boutiquier, du fermier qui lisait la Bible dans la grange ou le comptoir, parmi les tonnes ou les sacs de laine, ne prenait pas les choses avec le même tour que le beau cavalier nourri dans la mythologie antique et raffiné par l'élégante éducation italienne. Il les prenait tragiquement, il s'examinait à la rigueur, il s'enfonçait dans le cœur toutes les pointes du scrupule, il s'emplissait l'imagination des vengeances de Dieu et des terreurs bibliques. Une sombre épopée, terrible et grande comme l'Edda, fermentait dans ces imaginations mélancoliques. Ils se pénétraient des textes de saint Paul, des menaces tonnantes des prophètes; ils s'appesantissaient en esprit sur les impitoyables doctrines de Calvin; ils reconnaissaient que la masse des hommes est prédestinée à la damnation éternelle ; plusieurs croyaient que cette multitude est criminelle avant de naître, que Dieu a voulu, prévu, ménagé leur perte, que de toute éternité il a médité leur supplice, et qu'il ne les a créés que pour les y livrer'. Rien ne peut sauver la misérable créature que la grâce, la grâce gratuite, pure faveur de Dieu, que Dieu n'accorde qu'à un petit nombre et qu'il distribue non d'après les efforts et les œuvres des

1. Calvin, cité par Haag, II, 216, Histoire des dogmes chrétiens. 2. Ce sont les supralapsaires.

« PreviousContinue »