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la terre, demande-lui pourquoi les chênes font plus hauts & plus forts que les ronces aux quel. les ils donnent de l'ombrage: ou demande aux plaines azurées pourquoi les fatellites de Jupiter font moindres que Jupiter?

Si l'on convient que de tous les systemes poffibles, la fageffe infinie doit préférer le meilleur, où tout doit être rempli, parce que s'il ne l' étoit pas, il n'y auroit point de cohérence, & où tout ce qui eft, eft dans le dégré où il doit être ; il est évident que dans la progreffion des êtres qui vivent & qui fentent, il doit y avoir un être tel que l'Homme : & toute la question (que l'on difpute tant que l'on voudra) se réduit à ce point; fi Dieu l'a mal placé?

L'Homme eft proportionné au rang qu'il occupe tion, & à des relations qui

dans la créa

CE que nous apellons injuftice par raport à l'Homme, étant confidéré comme relatif au tout, non feulement peut être juste, mais doit l'être. Dans les ouvrages humains, quoique pourfuivis avec un travail pénible, mille mouvemens pro- Telafont in duifent à peine une feule fin. Dans les ouvrages connues. de DIEU, un fimple mouvement non feulement produit fa fin, mais encore feconde une autre opération. Ainfi l'Homme qui paroît ici le principal Etre ne joue peut-être que le rôle de fecond par raport à une fphere inconnue, n' eft que le mobile de quelque roue, le moyen de quelque fin: car nous ne voyons qu'une partie, & non le tout.

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QUAND un fier courfier connoîtra pourquoi l' Homme le modere dans fa courfe orgueilleufe, ou le pouffe au travers des plaines : quand le bœuf stupide fçaura pourquoi il ouvre un dur fil. Jon, ou pourquoi métamorphofé en Dieu Egyptien il eft couronné de guirlandes: alors la fot

te

His actions', paffions', being's, Ufe and End; Why doing, Juffering, check'd, impell'd; and why This hour a Slave, the next a Deity?

THEN fay not, Man's imperfect, Heav'n in fault; Say rather, Man's as perfect as he ought; 70 His Knowledge meafur'd to his State and Place; His time a moment and a point his space. If to be perfect in a certain sphere,

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What matter, foon or late, or here or there?
The bleft to day is as completely fo,
As who began a thousand years ago.

75

III. HEAV'N from all Creatures bides the book of Fate,

All but the page prefcrib'd, their prefent ftate: From Brutes what Men, from Men what Spirits know;

80

Or who could fuffer being here below?
The Lamb thy riot dooms to bleed to-day
Had he thy Reason, would be skip and play?
Pleas'd to the laft, he crops the flow'ry food,
And licks the band just rais'd to fhed his blood.
Ob blindness to the future! kindly giv'n,
That each may fill the circle mark'd by Heav'n:
Who fees with equal eye, as God of All,
A Hero perish, or a Sparrow fall,

Atoms, or Systems into ruin burl'd,

85

And now a Bubble burst, and now a World. 90

HO.

te présomption de l'Homme pourra comprendre l'ufage & la fin de fon être, de fes paffions & de fes actions: pourquoi il agit, il souffre, il est retenu, il eft excité: pourquoi dans ce mo ment il est un esclave; dans celui qui fuit, une divinité.

NE difons donc point, que l'Homme est im- . parfait, que le Ciel a tort: difons plutôt que l'Homme eft auffi parfait qu'il doit l'être: fon être eft proportionné à fon état, à la place qu' il occupe; fon tems n'eft qu'un moment & un point eft son efpace. S'il eft parfait dans quelque Sphere, qu'importe qu'il le foit ou plus tôt, ou plus tard, dans celle-cy, ou dans cellelà: l'heureux d'un jour l'eft auffi parfaitement, que celui, qui commença à l'être mille ans au

paravant.

tie fur l'ignovénemens fu

rance des é

turs, & en partie fur l' espérance d' venir, qu'eft fondé le bon

un bonheur à

de l'Homme.

III. LE Ciel cache à toutes les créatures le livre C'est en patdu deftin, excepté, la page qui leur eft néceffaire, celle de leur état préfent; il cache aux Bêtes ce que l'Homme connoit, à l'Homme ce que connoiffent les Efprits: autrement qui pourroit ici-bas fupporter fon exiftence? Ta volupté condamne aujourd'hui l'Agneau à la mort; s'il avoit ta raifon, bondiroit-il & fe joueroit-il fur heur actuel la plaine? Content jufqu'au dernier moment, il broute le pâturage fleuri, & léche la main qui s'éleve pour l'égorger. O ignorance de l'avenir! qui nous eft charitablement donnée afin > chacun puiffe remplir le cercle que lui a marqué l'Etre fupreme; DIEU de tous, il voit d' un œil égal un héros périr, & un paffereau tom. ber; les atômes fe confondre ou les Cieux fe bouleverfer; une bulle d'eau, ou un monde s'

éclater.

que

HOM.

HOPE humbly then; with trembling pinions
foar ;

Wait the great teacher, Death; and God adore.
What future bliss, he gives not thee to know
But gives that Hope to be thy blessing now .
Hope Springs eternal in the human breast;
Man never is, but always To be bleft;
The foul, uneafy, and confin'd, from bome,
Refts, and expatiates in a life to come.

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Lo, the poor Indian! whofe untutor'd mind Sees God in clouds, or bears him in the wind; 100 His foul, proud Science never taught to stray Far as the Solar walk, or Milky way: Yet fimple Nature to his hope has giv'n, Behind the cloud-topt bill, an humbler heav'n; Some fafer world, in depth of woods embrac'd, 105 Some happier Island in the watry waste

Where Slaves once more their native land behold No Fiends torment no Christians thirst for Gold. To be, contents his natural defire,

He asks no Angel's wing, no Seraph's fire; 110 But thinks, admitted to that equal sky

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His faithful dog shall bear him company.

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IV. Go, wifer thou! and, in thy fcale of fenfe Weigh thy Opinion against Providence: Call Imperfection what thou fancy'st fuch; Say, bere he gives too little, there too much; Destroy all Creatures for thy Sport or gust, Yet cry, if Man's unhappy, God's unjust;

HOMME fois donc humble dans tes efpérances, & ne prend point d' effor qu'avec crainte. Dans l'attente des inftructions de la mort, ce grand Maître des humains, adore Dieu. Il ne te fait point connoître quel fera ton bonheur futur mais il te donne l'efpérance pour être ton bonheur préfent. Une espérance éternelle fleu. rit dans le cœur de l'Homme; il n'eft jamais heureux, il doit toujours l'être. L'ame inquiete & bornée à elle même, fe repole & fe promene dans les idées d'une vie à venir.

OBSERVEZ ce pauvre Indien, dont l'efprit fans culture voit Dieu dans les nuées, ou l'entend dans le vent. Une fcience orgueilleufe n' aprit point à fon ame à s'élever auffi haut que l'orbe du Soleil, ou que la voye lactée. Cependant la fimple nature ne l'a pas laiffé dénué d'efpérance; plus humble, il fe figure un Ciel au delà d'une montagne, dont les nuages lui dérobent le fommet, un monde moins dangereux dans l' épaiffeur des forêts, quelque isle plus heureufe fituée au milieu de l'Océan, où les efclaves retrouveront leur pays natal, où ils n'apréhende ront nul démon qui les tourmente, nul Chré tien dévoré de la foif infatiable de l'or. Exi. fter, fatisfait fes défirs naturels; il ne fouhaite ni les aîles des Anges, ni le feu des Séraphins; mais il croit que fon chien fidele admis dans un Ciel égal à tous, lui tiendra compagnie. IV. Toi donc, qui es plus habile, pefe dans les balances de ta raifon ton opinion contre la Pro vidence; appelle imperfection ce que tu t'imagines tel: Dis, ici Dieu donne trop, là il donne trop peu Détruis toutes les créatures pour ton goût ou pour ton plaifir; & crie cependant,

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Impiété de veut juger de juftice ou des difpenfa

l'Homne qui

la

de l'injustice

tions de Dieu.

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