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ces, qu'il n'a d'ordinaire loué le mérite de fes amis, que lorsqu'ils étoient en difgrace; tems auquel on a coutume de fe taire, fi même on fi même on ne les déchire pas Ce caractere connu, on ne peut regarder comme équivoques les témoignages qu'il a donnés dans quelques endroits de fes ouvrages par rapport à fa Religion.

ON a de lui une Eclogue facrée fur la venue du MESSIE ; & une Ode où un Chrétien mourant s' adreffe à fon ame. Le mépris qu'il a pour ces petits_efprits qui font les efprits-forts, paroît affez par l' inconftance * dont il les caractérise dans un endroit de fes ouvrages. Ne dit-il pas dans l'ESSAI SUR LA CRITIQUE, que la Critique doit févir contre ceux qui attaquent la Religion? Auroit-il profeffé enfin la Religion Catholique en Angleterre, où elle eft dans un état de fouffrance, s' il n'y avoit point été véritablement attaché?

DANS un endroit de l'ESSAI SUR L'HOMME, il dit en parlant de la création, que b 5 l'ou

* Is he a Churchman? then he's fond of pow'r;
A Quaker? sly; a Presbyterian? four;

A [mart FREE-THINKER? All things in an hour. L'Anglican brûle de dominer; Le Quaker eft rufé; le Presbyterien eft fombre & farouche; l'ESPRIT-FORT auffi vif que libre dans fes pensées, est tout dans une heure de teins.

Eptire fur le Caractere des Hommeş,

l'ouvrier eft diftingué de l'ouvrage : il n' y a par conféquent point de Spinoffme Plufieurs paffages excluent évidemment le Sisteme des Matérialistes. Les accufations que l'on a intentées à cet égard, ne proviennent guéres que de ceux qui font, pour me fervir des termes de Mr. l'Abbé DU RESNEL, affez à plaindre pour soubaiter d'y trouver leurs propres fentimens.

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UN Auteur, libre de choifir fon fujet doit-il être blâmé par quelques uns, & regardé par d'autres comme un Déifte, parce que fans fe reftraindre aux fentimens d'une Religion particuliere, il fait un Poëme philofophique fur la Nature , pour l' inftruction du genre humain? Eft-ce détruire l'empire de la Religion que d'établir celui de la raifon? Le DIEU de la Nature feroit-il rival de celui des Chrétiens & la Loi naturelle exclueroit-elle la Loi Chrétienne? Pourquoi donc prendre l'allarme & la donner? Difons plutôt que le DIEU de la Nature eft celui des Chrétiens; que la Loi NATURELLE bien loin d' exclure le CHRISTIANISME en renforce les préceptes. Par Loi naturelle j' entends celle que DIEU même a gravée dans le cœur de tous les Hommes; j'entends les épanchemens d'une raison qui n' est point corrompue, & dont les lumieres

font

font un rayon de celle de DIEU, que cet Etre fuprême a mis en nous par fon foufle. Elle conduit à la connoiffance & à la pratique de ces deux grands préceptes, l' AMOUR DE DIEU & celui du PROCHAIN : bafe de l' Honnête Homme & du Chrétien. Peut-on accufer celui qui nous pref se de les observer & qui y fixe le bonheur de l'Homme, d'être ennemi de la Loi qui nous dit, Fais cela & su viDe ces deux commandemens dépendent toute la Loi les Prophetes? La véracité de l'efprit Divin veut que ľ on explique ces préceptes d'une manière à ne point anéantir la Religion Chrétienne qui eft fon ouvrage; & pourquoi ne point expliquer de même les mêmes vérités pro pofées par un Ecrivain humain? Sa foibleffe & la nôtre n' exigent-elles point d'ail leurs que pour un intérêt commun s' interpréte réciproquement avec candeur & avec indulgence?

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l' on

POUR abréger, je choisirai entre les endroits qu'on a attaqués dans cet ESSAI, celui fur lequel on a le plus infifté, & dont la Critique eft la plus fpécieufe. Laif fons les faum Zélés difputer fur les différentes manieres de croire 2 ou pour traduire plus litteralement, fur les Modes de la Foi. C'eft fur ce paffage qu'on s'eft prin

cipalement fondé pour attaquer la Catholicité de Mr. POPE. Quelle que foit l'étendue ou la reftriction du fens qu'il peut avoir dans l'efprit de fon Auteur (ce que lui feul pouvoit fixer) on auroit dû cependant être plus refervé dans la cenfure qu'on en a faite; puifqu'il pouvoit s' expliquer dans le fens rigide des Théologiens Catholiques. Les Ecôles, comme l' on fçait, font divifées en plufieurs especes de Sectes & de Partis , qui varient dans les explications ou dans la maniere de croire. Il y a des Scotiftes, des Thomiftes, &c. Le même Sisteme n'a pas toujours regné. Or le paffage dont il eft question, peut & même doit s' expliquer de cette diverfité de goût & de modes qui s'eft

fait reffentir dans toutes les différentes occupations de l'efprit humain. Cette explication eft beaucoup plus équitable que toutes les autres que l'on en peut faire, par ce qu'elle eft conforme à ce que Mr. Po PE dit lui-même dans fon Effai fur la

*

Cri

* Je ne crois pas qu'à la vie de cet endroit de l'Ef fai fur la Critique, on puiffe fe refufer à l'explication que je préfente: le voici. Autrefois cette Isle zelée (P Angleterre ) fourmilloit de Théologiens fcolaftiques; celui qui fçavoit le plus de fentences, étoit le plus érudit. La Foi, Evangile, tout paroiffoit n'etre fait que pour Servis de matiere à la difpute, & perfonne n'avoit affez de raifon pour avoir tort, A prefent les ouvrages des Scotiftes

Critique. Toutes les difputes que la va riété d'opinions fait naître entre les Scolastiques font peu effentielles au fonds de la Foi. Il n'y a que les Faux-Zélés qui négligeant la fanctification des œuvres & l'édification du prochain, s'y livrent entiérement, en tranfgreffant fouvent toutes les regles de la charité au grand scandale de la Religion & de fes miniftres. Ils oublient, fans doute, combien l'Apôtre des Gentils cenfure & blâme ce difcours des Corinthiens; Pour moi, je fuis de Paul;

moi, d'Apollos; & moi, de Cephas, &c. & combien il leur recommande de n' avoir point de partialités entr'eux, mais d' être tous bien unis dans un même fentiment.

A DIEU ne plaife que je vouluffe fou tenir ce qui feroit contraire à une faine morale, ou à la pureté de la Religion Catholique. Le titre de Traducteur n' engage point à foutenir les fentimens de l' Auteur que l'on traduit. Je ferai même toujours prêt à défavouer, non feulement les fentimens des autres, mais les miens propres, s'ils font trouvés dangereux ou

col

des Thomiftes, repofent en paix. au milieu des toiles d'araignée, tiffus de la même nature, plus fubtils que folides. Si la Religion elle-même a été affujettie à differentes MODES, doit-il paroitre étonnant que l'efprit efluye les mêmes viciffitudes?

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