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Voulaient être la tête; ou si tous à-la-fois,
Esclaves de l'esprit voulaient être ses rois!
Quel désordre, dis-tu? Ris donc de ton audace
Lorsque dans l'univers tu veux changer de place,
Lorsque membre d'un tout, ton orgueil criminel
Ose enfreindre les lois de l'esprit éternel.

Que parles-tu toujours de ta frêle existence?

Vois l'univers en grand: il forme un tout immense;
Son corps c'est la nature, et son ame c'est Dieu, ("
Dieu partout différent, et le même en tout lieu ;
Infini dans les cieux, infini sur la terre,

Il brille dans l'éclair, parle dans le tonnerre;
Il luit dans le soleil, rafraîchit dans les vents,
Échauffe dans l'été, fleurit dans le printemps,
Remplit tout l'univers sans occuper de place,
Produit sans qu'il s'épuise, agit sans qu'il se lasse;
Sans jamais s'appauvrir, il verse ses trésors;
Il inspire mon ame, organise mon corps.

Aussi grand dans un ver qu'en son plus noble ouvrage,
Dans l'instinct de l'enfant que dans l'esprit du sage,
Dans les faibles mortels de maux environnés,
Que dans les esprits purs de splendeur couronnés,
Dans le moindre cheveu que dans l'ame elle-même.
Anéanti devant sa majesté suprême,

Nul n'est faible ni fort, nul n'est grand ni petit ;
Il joint tout, remplit tout, tout en lui s'engloutit :

X. Cease then, nor ORDER Imperfection name: Our proper bliss depends on what we blame. Know thy own point: This kind, this due degree Of blindness, weakness, Heav'n bestows on thee. Submit. In this, or any other sphere,

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Secure to be as blest as thou canst bear :
Safe in the hand of one disposing Pow'r,
Or in the natal, or the mortal hour.

All Nature is but Art, unknown to thee;

All Chance, Direction, which thou canst not see;
All Discord, Harmony not understood;
All partial Evil, universal Good:

And, spite of Pride, in erring Reason's spite,
One truth is clear, WHATEVER IS, IS RIGHT,

END OF THE EPISTLE FIRST.

Telle de l'océan l'immensité profonde,

D'un fleuve ou d'un ruisseau ne distingue point l'onde.

X. N'appelle donc plus l'ordre une imperfection; Dieu change en bien les maux que blâme ta raison. Tu dois à sa bonté, tu dois à sa sagesse,

Ton degré d'ignorance et ton point de faiblesse.
Comme il régla ton rang, sache régler tes vœux :
Sois sûr que dans ce monde, ou bien dans d'autres lieux
Il te rendra parfait autant que tu peux l'être.
Sujet respectueux, fléchis devant ton maître ;
Au jour de ta naissance, au jour de ton trépas,
Il est toujours ton Dieu, jette-toi dans ses bras.
La nature est un art que tu ne peux comprendre ;
La discorde, un concert que tu ne peux entendre ;
Le hasard, un dessein invisible pour nous;
Et le mal de chacun, l'avantage de tous;
Ainsi, malgré l'orgueil de la raison altière,
Conviens que tout est bien dans la nature entière.

FIN DE L'ÉPITRE PREMIÈRE.

ESSAI

SUR L'HOMME.

ÉPITRE DEUXIÈME.

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