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intimement unis, et le merveilleux traditionnel de cette légende, confirmé par le poëme que Couldrette reproduit ici, ajoute encore à l'intérêt qui s'attache naturellement à un de ces monuments de notre vieille langue si curieusement étudiée de nos jours par les érudits.

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Les Aboyeurs de Josselin. Excursion en Bretagne au mois de mai 1855, par C. Jeannel (Rennes, in 12). Prétentieux et sans mérite, ce livre ne figurerait certainement pas ici, si ce n'était encore l'un des moins mauvais publiés en province dans ces derniers temps.

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[DU DIT]. Théorie générale de l'accentuation latine, Recherches sur les Inscriptions accentuées et d'un Examen des Vues, de M. Bopp sur l'Histoire de l'Accent, par H. Weil et L. Benlow (Durand, in-8°). Ce titre embrouillé me rappelle singulièrement M. Chryptogamme à la recherche de je ne sais plus quoi. Mais Toppfer l'avait lancé seul dans son exploration fantastique se mettre deux à la recherche de l'accent, c'est un peu trop, et surtout quand ce n'est pas l'accent lui-même que l'on veut étudier, mais simplement les vues d'un M. Bopp sur l'histoire de cette insaisissable intonation.

[Du 15 SEPTEMBRE.] A l'Odéon, 1r repr. de Maître Favilla, drame en 3 actes, par Georges Sand. Il s'agit d'un commerçant qui a hérité d'un oncle baron et grand seigneur, et qui vient occuper ses nouveaux domaines avec son fils, jeune homme ar

tişte et romanesque. Le cher oncle était un musicien frénétique et il hébergeait un maestro italien, maître Favilla et sa famille. Celui-ci se croit l'héritier du baron de par un testament qui lui a été remis, tout le monde le regarde comme fou et l'on ménage sa folie; quant à lui, il prend le véritable héritier pour son intendant, et la pièce roule sur l'opposition de ces deux esprits, l'un calculateur et égoïste, l'autre généreux et artiste. A la fin, Favilla se rappelle qu'il a brûlé le testament, et le neveu, touché de tant de générosité, marie son fils et la fille du maestro.

Le premier acte a été froid; le commencement du second traînait un peu, mais la fin a mieux été; quant au troisième, il est parfait et a sauvé la pièce.

Rouvière, trop ampoulé au commencement, s'est modéré dès le second acte et a trouvé des effets heureux. Barré s'est montré très-comique et Mme Laurent a été pleine de distinction et a eu de très-beaux mouvements. C'est un succès.

[DU DIT.]

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Certain linguiste fort distingué M. E***r, possède une fort jolie femme; mais comme la plupart des savants en us de son espèce, il comprend mieux un passage obscur de l'auteur grec le plus obscur que la pudeur féminine. Il n'entend rien à ces délicatesses exquises qui caractérisent en quelque sorte la femme, et que la sienne, qui est aussi distinguée qu'elle est belle, possède autant et plus qu'aucune autre.

Un jour, M. E***r, sa femme, plusieurs amis et

quelques jeunes pédants, les lumières futures de-la philologie, se trouvaient réunis à la campagne dans un fort beau jardin. La pluie vint à tomber et tout le monde se réfugia dans un petit cabinet vitré placé au milieu de la verdure.

On se mit à parler science, les vieux pédants discutaient, les jeunes écoutaient, et la belle Mm* E***r s'ennuyait au milieu de cette société peu attrayante pour une jeune femme. Elle tenait un de ses enfants sur ses genoux; il dormait, le pauvre petit, pendant qu'autour de lui on discutait gérondif et l'on parlait aoriste ou racine grecque. Tout à coup il se réveilla pourtant et se mit aussitôt à pleurer et à crier. Mme E***r,qui comprenait parfaitement ce que voulait le marmot, se gardait bien d'accéder à ses désirs, elle ne se sentait nullement portée à montrer ses blanches formes à tous ces profanes qui l'entouraient. — M. E***r, qui n'y entendait pas malice, ennuyé des cris de l'enfant et devinant ce qu'il voulait, lui dit alors:

« Les mamelles de la femme n'ont rien de répugnant. Votre enfant crie parce qu'il a faim. Donnezlui le sein, madame, et ne rougissez pas devant nous, car la maternité n'a pas de pudeur. »

Espérons pour l'honneur du sexe, que Mm* E***r se sera vengée..... en sermonnant cet indiscret mari.

Pour toutes les nouvelles, les Rédacteurs:

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Paris. DE SOYE et BOUCHET, imprimeurs, 2, place du Panthéon.

[Numéro 12.]

DU 16 AU 30 SEPTEMBRE 1855

[Du 16 SEPTEMBRE.]= Voici un trait ou plutôt une phrase qui manque à l'Avare de Molière et qu'un romancier paierait au poids de l'or.

Un banquier, dont la richesse égale au moins la parcimonie, vient à perdre son fils.

Les détails matériels que nécessitent les obsèques de ce fils ne tardent pas à distraire la douleur paternelle. Le menuisier se présente un des premiers; c'est pour prendre des ordres au sujet de la bière.

« Monsieur désire sans doute un bon cercueil en chêne, bien doublé... dit-il, après avoir pris les dimensions nécessaires.

Pourquoi un cercueil en chêne? répond le père en étouffant son dernier sanglot... Ne suffit-il pas d'un cercueil de sapin?... Oui, apportez un cercueil de sapin.... pour un si jeune homme!... >> N'est-ce pas le sublime du genre? Comme on pourrait nier un jour la vraisemblance du fait, nous avons tenu à honneur de le saisir au passage.

[DU DIT.]=Théâtre-Français. Hier 1" représ. de l'Amour et son train, comédie en 1 acte et en vers, par M. Octave Lacroix. — Trois ingénues se dis

putent le cœur d'un jeune homme. Ce galant démêlé se termine par un jeu encore plus galant qui tient de la main-chaude et du Colin-Maillard. Saynète assez gentille, assez spirituelle, mais trop gracieuse pour une comédie. Il est vrai que ce jeune homme est un Français et que ces ingénues sont des Andalouses pur sang.

Théâtre-Lyrique. Avant-hier, 1re repr. d'Une nuit à Séville, opéra-com. en 1 acte, paroles de Nuitter et Beaumont, mus. de Barbier.Autre folie espagnole, avec accompagnement d'une petite musique bien douce et bien modeste. Quant au livret, il ressemble à tous les livrets du même nom; c'est - toujours l'histoire de ce même tuteur jaloux, quinteux, imbécille de méfiance, et prétendant calfeutrer ses pupilles dans une maison trop bien fermée pour qu'on n'en puisse pas sortir.

[Du 17 SEPTEMBRE.] Voici une réclame en faveur des EARTHMEN. Nous n'en citerons que la fin.

Ils ont été baptisés à Pietermatitzburg, le garçon sous le nom de Martinis, la fille sous celui de Flora. Nous n'entreprenons pas de les décrire. D'une part, nous ne réussirions qu'à demi dans notre tentative; d'autre part, le but de notre exhibition est précisément d'offrir au public une rare et précieuse occasion de se faire une idée juste de cette race inté– ressante d'hommes. Nous parviendrons encore moins facilement à parler de la charmante franchise de leur caractère, de la vivacité de leur intelligence, de leur inépuisable fonds de bonne et joyeuse humeur, de leur grâce naïve et naturelle, de leur simplicité confiante, de leur sentiment si communicatif pour le plaisir, en un mot, d'une foule de petites séductions à l'aide desquelles ils se font des amis de tous ceux qui les voient.

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