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la vanité personnelle, comme bien d'autres. L'Ère nouvelle promet dans chacun de ses numéros une biographie de MM. les directeurs, artistes et auteurs dramatiques de Paris et de la province; lesquelles biographies seront ensuite réunies en un élégant volume, et offertes en prime à ses abonnés. Or, comment voulez-vous que tous ces directeurs, auteurs, artistes n'essaient pas de se procurer un pareil Panthéon, surtout quand il n'en coûte que 20 fr. par an?

[Du 5 NOVEMBRE.] Vies dictées d'outretombe à Hermance Dufaux. Jeanne d'Arc, par elle-même (Dentu, in-12). Mlle Ermance Dufaux est âgée de quatorze ans ; son père se livre à l'évocation des esprits; et l'on est forcé de convenir par les résultats obtenus, qu'à moins d'être fort avancée pour son âge, ce qui n'est pas supposable, la susdite jeune fille ne saurait avoir inventé ce qu'elle raconte.

Notice nécrologique sur Mme César Moreau, par E. Pascallet (Paris, in-8°). C'est d'une Mme Moreau franc-maçonne qu'il est ici question, et à ce propos, nous avons vu, une fois de plus, avec quelle facilité certaines personnes peuvent faire une histoire biscornue de franc-maçonnerie à propos de notice nécrologique; de la défunte il est à peine question, on en parle quelques lignes; et le

reste.....

Souvenirs, par Fernan Pérès (Alais, in-8°).

Niaiseries sans intérêt, au milieu desquelles on remarque une dissertation sur l'amour platonique, dans laquelle on trouve cette phrase: «Toute la jeune personne respire la pureté ei la grâce: sa physionomie est calme, son regard est tranquille. Elle aimera son mari après le jour des noces, mais non avant. Son amour sera pour elle un devoir, jamais une passion. Elle tresse une couronne de fleurs : que cette couronne reste fraîche pour son époux! » Études littéraires et biographiques, par Ch. Des Guerrois. (Ledoyen, in-12.) - Avoir fait une édition assez faible de Patelin, n'est pas une recommandation pour les études que M. Des Guerrois publie aujourd'hui : il faut être plus fort qu'il n'est pour s'occuper après tant d'autres d'Amyot, de Me de Staël et de Saint-Simon. Il faudrait surtout éviter des phrases comme celle-ci. « SaintSimon écrit, et l'histoire, comme une Muse grave, mais qui a des sourires, est debout à ses côtés, et dicte. >>

= Miroir des cœurs, par Paul Auguez. (Paris, Dentu, in-18, 2e édition). M. Paul Auguez a tourné le dos à notre siècle positif; il descend solitaire le fleuve du Tendre,en célébrant La Vallière, Rancé, l'amour pur, le culte de la femme; en plaignant les blanches jeunes filles abandonnées; avec accompagnement de petits culs de lampe représentant des roses et des perruques, en signe sans doute des sympathies qu'il a conservées pour l'an

cien régime. « Cherchez dans l'amour, dit-il, cherchez dans l'illusion, cherchez dans la poésie les sources du bonheur et de la vertu. » Bref, M. Auguez s'est composé un petit monde de délicatesses dont il vous fait les honneurs avec une certaine aisance. La critique ne peut que respecter son élégante théorie.

[Du 7 NOVEMBRE.] Notre faute au Paradis terrestre par Sardat, capitaine en retraite. (2e édition Impr. Chaix, in-8.) « Enfin les temps sont venus et j'apporte au monde le récit de la chute de l'homme au paradis terrestre. Me croira-t-on ? »

Pour croire, il faut comprendre, et nous avons bien de la peine à saisir les excellentes intentions de M. Sardat. Sa conclusion annonce qu'il a foi dans l'avenir, et que si l'Enfer a montré jusqu'à ce jour sa puissance désorganisatrice, le Ciel à son tour va faire régner l'union parmi les hommes. En attendant, l'auteur nous exhorte à ne pas manger de viandes, ou tout au moins, à n'attaquer que celles des animaux crevés. L'exposition de cette partie de sa doctrine mérite d'être conservée. Nous recommandons surtout l'exception faite au détriment du cochon;

Devons-nous persister dans cette nourriture de l'animal tué? Notre religion la permet. Celle des Indes-Orientales la défend, et les peuples l'observent. Serait-ce par impression vaguement conservée et comme expiation de la faute commise? Pour nous, nos idées, nos besoins et l'habitude prise s'y opposent. Cependant essayons. Les animaux dont nous faisons

usage meurent, naturellement toujours gras et bien portants. La maladie qui parfois les atteint est celle que Dieu jette sur eux pour rétablir son ouvrage, interrompu par nous en les tuant. Agglomérons-les dans de vastes enceintes en nombre suffisant pour fournir à la consommation locale; et mis en liberté vers la fin de leurs jours, dont le terme nous est approximativement connu, pourvoyons à leur nourriture, et attendons leur mort naturelle, sans y comprendre celle du porc dont l'existence est un mystère. Si parcourant les vastes lieux qui les renferment, ils tombent morts à notre insu, les cor beaux nous avertissent, par leur vol et leurs cris, là où gît le corps, et auront pour salaire les dépouilles du mort laissées sur le lieu même. Ils ont un plumage noir en signe de ce devoir. Pourquoi refuserions-nous de suivre cette règle? L'effroi de l'animal saisi à l'abattage, la répugnance publique à en être témoin, notre peine en voyant l'animal maltraité, est-ce un mensonge dans l'âme? Non, c'est une vérité; acceptons-la.

Et quand, dans nos fêtes publiques, nous mangerons le corps de l'animal non tué, son âme, planant sur nos têtes, dira à notre foi Maître! je suis contente. Maintenant que mon corps mort de sa mort naturelle, je n'ai point à recommencer dans un semblable corps l'ouvrage qui se faisait en lui pour amener l'âme humaine, je vais renaître dans un autre corps d'un rang plus élevé pour mieux te servir et t'égaler un jour. Maître! je suis contente.

[Du 8 NOVEMBRE.]= Si bien organisée qu'elle soit, notre police municipale présente encore des cas fort complexes.

Il n'y a pas deux jours qu'un cheval de trait crevait sur place, aux environs de la Bibliothèque du Louvre. Comme il ne pouvait être enlevé sans qu'on dressât procès-verbal, on va chercher les deux agents de police les plus voisins.

« Ceci ne me regarde point, dit l'un. Le corps de la bête se trouve sur le terrain du Quatrième?

Comment, répond l'autre. Mais cela vous concerne au moins autant que moi. La moitié du cheval dépasse la limite du Premier. »

C'était de leurs arrondissements respectifs qu'il s'agissait.

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Après bien des pourparlers, on dut aller chercher au bureau le plus voisin la solution de ce différend. Il est vrai que l'animal pouvait attendre.

[Du 9 NOVEMBRE.] Hier, prem. repr. de Le donjon de Vincennes, drame en cinq actes et dix tableaux, de MM. Dennery et Grangé. -Histoire de la disgrâce et de la captivité de Fouquet, ministre de Louis XIV. L'intérêt se soutient bien pendant les deux premiers actes; les deux suivants sont assez faibles; le dernier est très-bon. en scène splendide, ballets fort gracieux.

Mise

[Du 10 NOVEMBRE.] Quoique l'aimable prolixité de M. Alexandre Dumas soit chose connue, nous ne pouvons nous refuser au plaisir d'en donner un nouvel échantillon. C'est son journal qui nous la fournit.

Le Mousquetaire débute ordinairement par un premier Paris qu'on pourrait appeler un premier Dumas, l'auteur de Monte-Christo n'y parlant plus guère que de lui et des choses tout à fait siennes. Voici tantôt huit jours qu'il y a commencé l'histoire

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