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09-1-28

BEH

AVERTISSEMENT.

Un écrivain consciencieux, infatigable, qui pendant tout le dixhuitième siècle ne cessa d'attaquer cette philosophie menteuse qui s'imaginait pouvoir renverser le Christianisme, disait, il y a près de soixante ans :

<< Il s'en faut de beaucoup que le triomphe de l'incrédulité soit «< assuré. Le règne bruyant de l'ancienne philosophie ne fut pas << de longue durée; celui de la philosophie moderne sera encore plus court, parce que ses sectateurs actuels ont encore moins de « bon sens que ceux d'autrefois. >>>

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Cette prédiction de Bergier s'est accomplie à la lettre. A cette philosophie nous avons vu succéder d'abord l'indifférence des religions, que Bossuet a appelé le plus grand de tous les maux; et aujourd'hui un mouvement religieux se déclare de tous côtés autour de nous.

L'audace des attaques, leur impuissance, la solidité des réponses opposées aux objections, la multitude de preuves que la science a recueillies en faveur de la religion, ont donné une direction nou. velle aux esprits, et nous voyons maintenant les hommes les plus graves dans tous les pays se réunir pour attester le triomphe de la religion catholique sur les intelligences, en attendant qu'elle règne de nouveau sur les cœurs.

Un fait récent se remarque dans notre Europe: une génération

a

d'hommes qui avaient perdu la foi traditionnelle, et qui ont embrassé la religion après un mûr examen, s'élève maintenant en France. Ces hommes ont été nourris dans tous les préjugés philosophiques, et ils en ont triomphé; ils ont connu toutes les erreurs, et ils les ont traversées. Il n'y a pas une objection contre le Christianisme qui n'ait été dans leur esprit et qu'ils n'aient eu à résoudre avant de proclamer leur foi.

C'est là un élément nouveau pour la société, et la puissance de cet élément est incalculable. Quand on songe qu'au commencement du Christianisme, après les apôtres et les miracles, la force de l'Eglise vint des philosophes convertis, les Justin, les Athénagore, les Clément d'Alexandrie, les Tatien, les Tertullien, les Augustin, qui appartinrent aux sectes philosophiques avant de devenir les défenseurs de la vraie religion, on peut comprendre ce qui peut naître des efforts et du zèle de tous les hommes d'intelligence ralliés au Catholicisme.

Ainsi l'examen qu'on avait invoqué contre l'autorité a conduit les hommes consciencieux à rétablir l'empire des vérités que les hommes de passion avaient détruit.

Voilà un gage d'espérance pour tous ceux qui observent le mouvement des esprits.

Le livre du docteur Wiseman est un des résultats de ce progrès, il est le fruit des recherches les plus profondes. L'incrédulité, en attaquant les bases de la religion et en invoquant toutes les sciences contre la révélation, n'a donc fait que la consolider à jamais.

Ainsi l'œuvre de chaque siècle est de rétablir dans les idées les dogmes qu'elle a ébranlés. Ainsi Luther, Calvin, Mélanchton, Zuingle, ont produit Bossuet, Arnaud, Pascal, Fénélon; et les philosophes du dernier siècle ont produit les écrivains religieux de celui-ci

Nous espérons que l'importance de l'ouvrage que nous publions aujourd'hui sera appréciée par la France catholique comme elle l'a été en Angleterre et à Rome. C'est là un de ces écrits qui doivent être dans les bibliothèques de tous les pères de famille; c'est un antidote contre l'enseignement universitaire, qui appartient encore aux débris d'une philosophie condamnée dans l'esprit de tous les hommes vraiment de ce siècle.

Nous nous proposons de faire paraître successivement tous les ouvrages qui intéressent les vérités fondamentales du Christianisme, qui ont été ou qui seraient publiés en Allemagne, en Angleterre et en Italie, pour continuer la Raison du Christianisme.

E. DE GENOUDE.

PREMIÈRE PARTIE.

Le Christianisme, en promulguant les livres saints restés enfouis jusqu'alors chez une nation obscure, a fait connaître au monde une histoire des hommes et de l'univers, différente de tout ce que les autres nations avaient reçu par la tradition. On a dû naturellement chercher à voir si les récits de Moïse s'accordaient avec les explications des phénomènes; mais le peu de progrès que, faute d'instruments, les anciens avaient faits dans l'étude des sciences, ont rendu vaines toutes les tentatives par lesquelles on a voulu démontrer l'accord qui doit régner entre les théories de la science et les narrations de l'écrivain inspiré. Ce n'est que dans ces derniers temps que les travaux des savants ont enfin permis d'embrasser d'un regard les rapports qui existent entre les diverses branches des connaissances humaines.

Le docteur Wiseman a pensé que le moment était venu où la théologie devait réclamer son rang dans le cercle intellectuel. Or, son rang, c'est le premier; car c'est à elle qu'il appartient de sanctionner les résultats de toutes les autres sciences, en faisant voir en quoi ils s'accordent avec les Ecritures, et en les renvoyant à un nouvel examen, s'ils n'y sont pas conformes. Et c'est à la conformité qu'on doit nécessairement arriver; car tous les faits de la nature étant la manifestation de l'action divine, et les livres saints l'exposition du mode de cette manifestation, il est évident que, si nous ne trouvons pas dans chaque science la corroboration ou l'explication de l'énoncé de Moïse, la faute ne doit en être imputée qu'à nous, parce que nous n'avons pas étudié la science dans son vrai sens; ou nos observations sont incomplètes, ou nos conséquences sont mal tirées. C'est pour arriver à cette démonstration que le docteur Wiseman a entrepris son ouvrage.

Trois grands faits dominent toute la science prise dans sa plus grande généralité : 1o La création et ses phases successives; 2o le déluge historique, universel; 3° la dispersion des peuples, consé

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