de l'eau pour dans fon état L'eau paroît avoir des propriétés fingulieres pour Propriétés rétablir l'air dans son état naturel. Dans les parties rétablir l'air feptentrionales de l'Europe & de l'Afie, on place dans fon un seau d'eau auprès des poëles, pour prévenir l'infection de l'air, causée par la vapeur du charbon. Cet usage est très-commun à la Chine, où les pauvres ne se servent que de charbon de terre pour chauffer leurs poëles. La vapeur qui s'en éleve, est auffi dangereuse que celle de notre charbon végétal: elle fuffoqueroit aux environs des poëles, si l'on ne tenoit continuellement auprès un bassin d'eau qui dissout, par fon humidité, ces miafmes élastiques fi terribles, & fi prompts à détruire le principe de la vie. M. PARMENTIER, Professeur au Collége Royal Obfervation. de Pharmacie, rapporte, dans une excellente Differtation physique, chymique & économique, sur la nature & la falubrité des eaux de la Seine, qu'un pauvre homme étoit dans l'ufage de mettre, pendant l'hiver, au pied de son lit, un pot rempli de braise, & qu'il plaçoit sur cette braise, sans l'étouffer, un vafe plein d'eau; qu'ayant oublié un foir de mettre le vase sur le pot, il fut trouvé le lendemain fans connoissance, ni sentiment; mais on eut le bonheur de le rappeller à la vie. Le Docteur SCHAGT, dans des temps d'épidémie, exposoit durant la nuit, au grand air, un vase rempli d'eau: elle s'altéroit. Il s'y formoit une écume & une espece de crême surnageante, &, dans d'autres temps, l'eau confervoit toute sa pureté. M. PAULET, Médecin de la Faculté de Paris conseille de purifier les étables avec de l'eau bouillante, par préférence à tout autre moyen employé en pareil cas, perfuadé que l'eau eft le seul agent dans la Nature qui puisse décompofer la matiere de la contagion. , Alkali vo l'alkali vola Jes préserva Il est inutile, de multiplier les autorités. Les propriétés de l'eau pour corriger l'air corrompu par les vapeurs méphitiques, sont consignées dans nombre d'Ouvrages, tels que les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, année 1710; la Bibliotheque de Médecine, Tome X, au mot Suffocation; les Mémoires de M. Goulin, cités note 3 de ce Chapitre; le Détail des fuccès, &c., par M. PIA. Lors donc qu'on est averti que quelqu'un est tombé en afphyxie dans une chambre, dans une cave, dans un cellier, dans une mine, &c., il faut commencer par y répandre beaucoup d'eau: car fi on y entroit fans cette précaution, il feroit indubitable qu'on tomberoit soi-même en asphyxie, comme il est arrivé dans la cave du Boulanger de Chartres, où il amassoit la braise qu'il retiroit de fon four, & où cinq personnes moururent fucceffivement, pour y être descendues dans l'intention de secourir le fils aîné du Boulanger, qui étoit mort le premier. Ce ne fut qu'après avoir jetté dans cette cave une grande quantité d'eau, qu'on put y defcendre: mais comme il s'étoit paflé plusieurs jours avant qu'on se fût avisé de ce moyen, on n'en retira que des cadavres, dont aucun ne put être rappellé à la vie. Mais l'alkali volatil fluor a les mêmes propriétés. Jatil fluor. Il fuffit d'en répandre dans le lieu infecté, jusqu'à L'eau & ce qu'on puisse y tenir une bougie allumée. Alors til fluor font on peut y entrer fans craindre d'accident. Il feroit egalement bien à defirer que le vœu de M. SAGE fût rempli; tifs des va. qu'on donnât à chaque mineur un flacon de cet alkali. Dès que l'un d'eux se trouveroit affecté par les vapeurs meurtrieres qui s'exhalent fans cesse des métaux & des minéraux, fon voisin lui feroit refpirer ion flacon, ou lui en feroit avaler quelques gouttes dans une cuillerée d'eau; ou, enfin, on peurs méphitiques des mines. en en répandroit dans la mine, si les vapeurs étoient en affez grande quantité & affez déléteres, pour affecter à-la-fois plusieurs mineurs. minéraux. Les Chymistes font expofés, dans leurs opéra- Des vapeurs tions, à être souvent affectés par les vapeurs méphi- des acides tiques des acides minéraux. Lorsque l'accident eft léger, il fuffit que l'Artiste se présente à l'air libre, & qu'il refpire de l'alkali volatil fluor; mais lorsque l'accident est grave & qu'il est accompagné de fyncope, il faut donner quelques gouttes de ce même alkali dans une ou deux cuillerées d'eau. Cependant il ne faut pas négliger d'établir dans Importance la chambre, dans le cellier, dans la mine, &c., de Pair libre. autant qu'il est possible, un courant d'air extérieur, proportionné à la quantité de vapeurs qu'on auroit à redouter, pour faciliter la fortie de l'air élastique, tout combiné qu'il foit, avec les vapeurs aqueuses, ou alkalines. La plupart des moyens que nous venons d'expofer, font extraits d'un Mémoire excellent fur les funeftes effets du charbon allumé, publié par M. HARMANT, de l'Académie de Nanci, & ConfeillerMédecin ordinaire du feû Roi de Pologne, Duc de Lorraine & de Bar; dans lequel il détaille, d'une maniere très-intéressante, les nombreuses cures qu'il a opérées en suivant la méthode que nous venons d'exposer. Voyez en outre l'Avis du Bureau d'Administration de l'Hôpital-Général, publié & affiché, pour que les moyens qu'il propose, mis à la portée de tout le monde indistinctement, puiffent être pratiqués, non-feulement toutes les fois que la fuffocation par le charbon se présenteroit, mais encore dans toutes les fuffocations par le tonnerre, par les liqueurs en fermentation, par les cloaques, les fosses d'aisance, &c., cinquieme Partie du Détail, &c., page 124 & suivantes.) Tome IV. Ff Moyens de détruire l'air méphitique des fosses d'ai- (MAIS les vapeurs mortelles des fosses d'aisance, qu'on appelle vulgairement plomb, demandent d'autres moyens. Sans doute qu'elles sont de même nature que celles qui s'exhalent du charbon allumé, des liqueurs en fermentation, des puits fermés depuis long-temps, des mines, &c., & que, pour cette raifor, l'eau & l'alkali volatil fluor en feroient les préservatifs, comme ils en font les remedes. Cependant la difficulté d'employer ces substances, fur-tout l'alkali volatil, à cause de la quantité immenfe qu'il en faudroit, a porté des Chymistes à s'occuper de cet objet: &, après des tentatives multipliées, il font parvenus à trouver Le feu & lales préservatifs de ces vapeurs dans le feu & la chaux vive. chaux vive. C'est à MM. LABORIE, CADET, jeune, & PARMENTIER, Membres du College de Pharmacie &c., que nous devons cette découverte, d'autant plus importante, que les accidents auxquels font expofés les malheureux qui se destinent à la vuidange des latrines, font très-communs, quoique le plus souvent ignorés, parce que ces hommes ont peu de commerce avec la société, vu la nature de leurs travaux; parce qu'on ne fréquente guere de tels ateliers; parce qu'enfin les Vuidangeurs exercent leur profession de nuit. M. CADET, de l'Académie Royale des Sciences ! fois lui rappeller le remede qui se trouve à sa portée, qu'il oublie quelquefois, & dont il faitusage trop tard. M. Faure, Droguiste à Narbonne, faisoit creuser Observation, une fosse près d'une ancienne, qui étoit remplie, & dont l'infection avoit fait décider de ne pas la vuider. On étoit dejà à dix-huit pieds de profondeur, lorsque le 16 Avril 1779, fur les neuf heures du matin, les matieres s'épancherent de la vieille fosse dans la neuve, plus basse de neuf pieds que l'autre. Un Maçon, & une jeune fille de douze ans, qui lui servoit de Manœuvre, tombent & ne donnent plus de signes de vie. De deux autres Maçons établis sur un échafaud, l'un tombe dans la fosse, où les matieres s'étoient dejà élevées de trois pieds, l'autre fur les planches de fon échafaud. Le fils de ce dernier accourt, & est précipité dans la fosse. Un Commerçant en laine y defcend, s'évanouit & tombe; il se releve & gagne l'échelle, mais il tombe de nouveau. Tant de malheurs épouvantent les assistants: aucun n'ofe s'exposer à descendre dans un lieu d'où l'on ne revient plus. M. Faure, n'écoutant que fon zèle, descend dans la fosse meurtriere, & s'évanouit. Un Cordonnier se dévoue également à la mort. La même destinée est réservée à tous ceux qui tentent d'y defcendre : un Tonnelier y périt encore. Le courage, il en étoit temps, cede à la prudence. On essaie, mais envain: plusieurs particu liers y renoncent à peine ont-ils les pieds fur l'échelle, qu'ils pâlissent & chancelent: on les faifit par les habits, par les cheveux, & on les retire, la tête étonnée, la poitrine oppressée. Après un intervalle, on suppose que la vapeur fera moins meurtriere. M. de la Forgue, jeune homme vigou |