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très-négligée, & que la plupart en regardent l'usage comme fort inutile. Mais quiconque réa fléchira fut la longueur du trajet que ces fubftances ont à parcourir avant de parvenir au poumon (car il faut qu'elles suivent toutes les routes de la circulation, & il ne peut en arriver au lieu destiné, qu'une bien petite portion), quiconque, dis-je, donnera quelque attention à cet objet, s'appercevra facilement que si ces remedes ont quelque vertu, ce n'est que de cette maniere qu'ils peuvent l'exercer.

C'est par la même raison que le baume de tolut fumé en guise de tabac, arrive au poumon avec assez de facilité, & produit beaucoup de bien dans le crachement de fang.

Après avoir parlé de ces petites suppurations, il n'en faut pas omettre une beaucoup plus considérable; c'est l'abcès de ce même vifcere, connu sous le nom de vomique. Quoique ce foit un mal très-grave, & qui conduit fréquemment à l'éthisie, il est cependant moins dangereux que les autres petites exulcérations. Car j'ai vu des malades qui, après avoir rejetté une ou deux livres de pus mêlé de sang & d'une odeur fi fétide, qu'on ne pouvoit tenir dans leur chambre, ont été parfaitement rétablis au moyen du lait & des balfamiques, auxquels on entremêloit quelques anodyns, selon le besoin & les circonstances.

Voilà ce que nous avions à dire fur la pthysie. Mais il y a deux autres especes de marafmes qui font périr les gens dans la confomption. Dans l'une le corps ne prend pas de nourriture; & faifant chaque jour de nouvelles pertes, fans en réparer aucune, il tombe dans une maigreur affreuse, qu'on nomme atrophie. Sour Tome II.

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vent cet état est dû au vice du fluide nerveux, & eft accompagné de la cachexie, qui eft la seconde espece de marasme, ou du moins qui l'amene infenfiblement. Dans l'une & dans l'autre, la mauvaise disposition du corps eft caufe que les aliments se corrompent, & que les parties ne prennent pas de nourriture, de torte qu'un genre de vie bien réglé, & quelques martiaux propres à fortifier l'estomac, font trèsconvenables, avec l'attention de maintenir la liberté du vertre.

Enfin, dans quelque espece que ce soit, l'exercice & les frictions faites en raison des forces du malade font toujours d'une très-grande utilité, ainsi que le changement d'air, & même un voyage sur mer d'un certain trajet. Les poitrinaires se trouvent très-bien de passer de nos climats à Lisbonne ou à Naples. L'équitation est fort avantageuse quand les forces permettent d'en ufer, ou au moins faut-il y fuppléer par l'exercice en voiture, en litiere, ou enfin de quelque maniere que ce foit.

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CHAPITRE II.

Des maladies de la Tête.

SECTION I.
De l'Apoplexie.

L Es maladies de la tête ont beaucoup d'analogie entr'elles, & viennent presque toutes de replétion. La principale est l'apoplexie. Elle dérive souvent d'un sang trop épais qui circule avec peine dans les arteres de la tête, & qui s'y trouve presque en stagnation. Soumis à l'action continuelle du cœur qui le pousse dans ces vaifseaux d'une texture délicate, il les rompt, s'épanche sur le cerveau; & comprimant ainsi à leur origine les tuyaux des nerfs destinés à produire le mouvement du corps, il met lui-même des obstacles à fon admiffion dans leur calibre. Souvent, fans une rupture considérable des vaifseaux, l'apoplexie est produite par une liqueur rouge & aqueuse qui dérive du fang, & quelquefois aussi par l'humeur des glandes voisines, qui étant en trop grande abondance, pese fur les membranes du cerveau, foule ses ventricules, & intercepte ainsi le cours des esprits animaux. J'appellerai la premiere fanguine; la seconde, pituiteuse. Hippocrate a confidéré l'une comme grave & incurable, & celle-ci comme légere & facile à guérir (1). On peut voir beau

Aphorism. Sect. II. Aph. 42.

:

coup d'exemples de l'un & l'autre genre dans le livre du savant Wepfer, Médecin de Schafhouse (1); & dans les ouvrages du célebre Auteur de la Médecine raisonnée (Laurent Bellini), on trouvera l'explication de tous les phénomenes qui accompagnent cette maladie, & celles qui ont de l'analogie avec elle (2).

Je ne parlerai pas ici des causes externes, comme un coup, une chûte, la fracture d'un des os du crâne, parce que les remedes que ces cas exigent sont les mêmes, excepté qu'ils requierent aussi les secours de la Chirurgie.

L'apoplexie fanguine demande des faignées du bras & de la jugulaire, abondantes & réitérées. La pituiteuse trouve plus de fecours dans l'usage des purgatifs. On retire aussi un trèsgrand avantage de l'ouverture des veines occipitales. C'est le savant Morgagni, aussi profond Anatomiste qu'habile Médecin, qui a proposé cette méthode (3)', & j'en ai éprouvé plus d'une fois l'efficacité dans les circonstances les plus fâcheuses. En effet, comme ces veines communiquent à l'intérieur du crâne avec l'un & l'autre des finus latéraux, dès qu'elles font ouvertes, la partie du sang qu'elles y portoient en est détournée, la masse totale est diminuée, & ce qui reste se meut avec plus de facilité. C'est pour cela qu'on applique des ventouses sous l'occipital & fur les côtés du cou, qu'on scarifie enfuite assez profondément, pour que le sang puiffe fortır avec plus d'abondance.

(1) Objerv. anat. ex cadav. corum quos fuftulit apoplex.

Amftelodami, 1731.

(2) De morb. capit.

(3.) Advers. anatom. vj. Animad. 83 & 84.

C'est de la même maniere que l'artériotomie des tempes, que plusieurs Auteurs conseillent, produit ses bons effets, en diminuant la quantité du sang qui doit se porter sur le cerveau. Galien assure qu'il a vu ouvrir l'artere même du bras avec assez d'avantage, & fans qu'il en soit arrivé d'inconvénient (1). Mais le sang qu'on peut tirer de cette maniere est en si petite quantité, qu'il ne peut en résulter un grand bien. Il vaudra donc mieux, comme Aretée le recommande pour la céphalée, ouvrir les deux arteres qui font derriere les oreilles (2); car on en tirera beaucoup plus de sang que des temporales, & ce sera un meilleur moyen d'empêcher l'effort de celui qui se porte sur la tête.

On applique encore des vésicatoires à la tête & fur tous les membres. On fait un grand usage des catharctiques, soit en potions, foit en lavements. Ceux-ci sont toujours d'une grande utilité. Ils doivent être acres & ftimulants; car les fibres des intestins dans ces cas là font prefque insensibles.

La léthargie & le carus font de légeres especes d'apoplexie.

(1) Method. medend. Lib. 4, cap. 7.

(2) De Morbor. diuturn. curat. Lib. 1. cap. 2.

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