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L

*PRÉFACE

DE

L'ÉDITEUR.

Es hommes auroient rarement des manieres de penser si différentes sur la plupart des objets qui partagent leurs opinions, fi ceux qui proposent un systême s'expliquoient d'une maniere plus précise; fi ceux qui refusent de l'adopter daignoient examiner les raisons, pefer les probabilités, en un mot, si de part & d'autre l'on vouloit s'entendre.

La plupart des gens jugent d'un livre par fon titre; & d'après le discrédit où sont tombées les idées qui semblent appartenir à l'Aftrologie judiciaire & aux rêveries de ceux qui la profeffent, je ne ferois pas étonné qu'une differtation où l'on promet d'établir l'influence du Soleil & de la Lune fur nos corps, eût appellé peù de Lecteurs. La célébrité reconnue de M. Méad

lui aura valu, peut-être, de n'être pas reléguée tout-à-fait dans la classe des avis falutaires que Matthieu Lænsberg lit dans les astres, & dont il a soin de gratifier le genre humain, au renouvellement de chaque année; mais on aura regardé cette production comme l'effet d'une imagination échauffée, ou comme celui de l'envie de se fingulariser, en renouvellant un systême profcrit, ou comme le fruit d'un de ces momens Tome II,

A

nébuleux où les plus grands hommes font au dessous d'eux-mêmes.

En accufant l'injustice de ces Lecteurs fuperficiels ou inattentifs, je ne dois pas taire l'idée que se sont faite de cet ouvrage plusieurs Médecins inftruits, & qui favent avec quelle évidence l'action de ces aftres fur nos corps y eft démontrée. Il n'est pas question de cette influence dont l'assertion se fonde fur des moralités, ou fur des conjectures aussi frivoles qu'elles, quand on donne l'explication de quelques faits naturels. C'est une influence physique, démontrée par ses effets & par ses caufes, avec toute la précision dont l'argument mathématique est susceptible. Ce font l'astronomie, l'hydrostatique, les loix connues du mouvement qui régit l'univers, qui viennent ici rendre raifon des phénomenes observés par les anciens Médecins, & aux obfervations desquels on peut ajouter d'autant pous de foi, qu'elles ont été faites dans des lieux très-distants, dans des tems très-éloignés, & par des gens qui ne fongerent pas à les adapter à un systême préconçu & favori.

Il me semble qu'en physique les erreurs & les préjugés supposent toujours quelque vérité réelle, qui n'est pas fuffisamment développée, ou qui, appuyée sur des faits dont les caufes ne font pas bien connues, laiffent encore des prétextes à l'incrédulité. Pythagore & fes difciples crurent avoir trouvé dans la combinaison des nombres, l'explication du systême de l'univers. On fait combien ce Philosophe, aussi célebre que fingulier, avoit de vénération pour le nombre sept, & combien il lui attribuoit de puissance pour le maintien de l'harmonie universelle. Estcel'effet du hafard, ou l'effet du caprice qui aura

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engagé ce grand homme à adopter ce nombre de préférence à un autre ? Refpectons affez fa mémoire, peut-être perfuadés que les changements qu'il observoit à chaque repténaire, & dans les phases de la Lune, & dans les phénomenes que cette révolution produit fur ce qui végéte, & fur ce qui respire dans la nature, ont été la base raisonnable de son systême, très-fimple en apparence, mais aufli majestueux que digne du génie qui l'avoit conçu. En effet, que l'Intelligence suprême ait créé tout, & difpofé les ouvrages de fes mains avec un ordre admirable, qui en assure la conservation; que ce soit en vertu de la science des nombres, poffédée dans sa plus grande perfection, qu'elle ait exécuté ces merveilles.... je ne vois dans ces af sertions rien qui soit indigne du respect dû à cet être souverainement bon. Oui, je ne peux m'empêcher d'adopter avec Pythagore, que l'ensemble de cet univers physique est le résultat de la combinaison des nombres la meilleure pof sible, des proportions de Mathématique les plus régulieres, le chef-d'œuvre, en un mot, de l'Eternel. Hippocrate, le pere de la Médecine, en plusieurs endroits de ses ouvrages, fait mention de la puissance des corps célestes, & des grands secours que l'art de guérir doit tirer de l'étude de l'Astronomie. » Ce ne sont pas seulement de >> légers services que la science des astres peut >> fournir à la Médecine; mais elle est à celle-ci >> de la plus grande utilité, parce que la diver >> sité des saisons produit des changements ana>>> logues fur l'eftomac des hommes". (1) C'est

(1) Ad artem Medicam Astronomia ipfa non minimum, fed plurimum confert, quippè cum una cum anni temporibus, ho

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ce qu'il dit au commencement de son fameux livre de Aere, aquis & locis, qui contient la base & le fondement de tout ce qu'on a publié depuis sur l'air, fur les différentes manieres dont nos corps peuvent être affectés, par les qualités abfolues ou relatives que lui communiquent l'exposition des lieux, l'aspect du Soleil, le changement des saisons, le cours des vents, soit réglés, foit extraordinaires.

Personne n'a plus profité, parmi les anciens Médecins, de l'idée de Pythagore que Galien. C'est lui qui a le premier attribué à l'influence de la Lune l'ordre septénaire qu'on observe dans les crises qui surviennent aux maladies. En effet, les fievres se terminent plus volontiers au 7, au 14, au 21, & la raison de ce phénomene ne pouvant guere se rapporter à la nature des maladies très-différentes entr'elles, ni aux tempéraments encore plus dissemblables de ceux qui en étoient attaqués, il étoit nécessaire de chercher une cause fixe & invariable d'un effet aussi régulier. Ce ne fut probablement que l'analogie des nombres qui détermina Galien à cette explication.

Ceux qui le suivirent crurent que les astres influoient , en quelque chose, sur nos corps, mais fans savoir de quelle maniere. Cette puifsance étoit une des principales qualités occultes de la Philofophie d'Ariftote.

Le grand Fernel qui, avant Descartes, avoit déja osé soulever le voile dont l'autorité scholastique couvroit la vérité, fait mention de cette influence, parmi les causes des maladies, dans

minum ventriculi mutationem accipiant, Lib. de aër, aq. 86 loc. init.

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